Sandra Bertin, policière municipale de la ville de Nice, comparaissait ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour « diffamation ».
- Sandra Bertin supervisait la vidéosurveillance le soir de l’attentat sur la promenade des Anglais le 14 juillet à Nice
- Dans une interview accordée au JDD, elle avait dénoncé la « pression » et le « harcèlement » exercés selon elle par le ministère de l’Intérieur
- Bernard Cazeneuve avait déposé plainte pour « diffamation »
« Je dirige une équipe de cent agents, cent traumatisés qu’il a fallu rassurer, accompagner, féliciter. Moi en tant que Niçoise et policière, j’ai fait ce que j’avais à faire ce soir-là ». À la barre, face à la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Sandra Bertin est revenue sur la polémique, née au lendemain de l’attentat du 14 juillet 2016 qui a tué 86 personnes.
Poursuivie pour « diffamation » à l’encontre de l’ex-ministre de l’Intérieur, la cheffe du centre de supervision urbain (CSU) de Nice avait dénoncé dans la presse le « harcèlement » et la « pression » exercés à son encontre par le cabinet de Bernard Cazeneuve. Devant le tribunal, elle a maintenu sa version des faits.
Une interlocutrice « pressante » et « autoritaire »
Au lendemain d’une nuit blanche, Sandra Bertin est sollicitée par un commissaire de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) pour visionner les images de vidéosurveillance qu’elle supervisait ce soir-là. « Je ne vais pas vous demander de nous détailler ce que vous avez vu », lance la présidente. « Merci », réplique la policière mobilisée toute la nuit sur le lieu de l’attaque. Le policier envoyé à Nice lui demande d’établir un rapport « modifiable ». Une tâche qu’elle refuse d’accomplir : « ce n’est pas ce que j’ai l’habitude de faire ».
Pendant trois heures, deux fonctionnaires de la DCSP se relaient dans son bureau, interrompus à treize reprises par les instructions téléphoniques d’un agent « autoritaire » et « pressant » selon elle. Persuadée d’avoir affaire à un membre du cabinet de Cazeneuve, elle est mise en réalité en relation avec un membre de la Direction centrale de la sécurité publique.
Appelés à la barre pour témoigner, les deux hommes qui ont visionné avec Sandra Bertin les images et assisté à la rédaction du fameux rapport assurent n’avoir jamais mentionné qu’ils travaillaient pour le cabinet du ministre. L’un d’eux invoque la « fatigue », « l’émotion » suscitées par l’attentat pour justifier la confusion. « J’ai dit que c’était à destination de nos plus hautes autorités (…) pour nous les plus hautes autorités, effectivement, c’est l’Intérieur ».
À l’époque pourtant, cette incompréhension suscite une polémique qui secoue tout l’entourage du ministre de l’Intérieur. Patrick Strzoda était directeur de cabinet place Beauvau. Le haut fonctionnaire, qui officie désormais à l’Elysée, a lui aussi réfuté toute intention de « manipuler » les bandes-vidéo. La requête, a-t-il expliqué, n’a jamais émané de son service : « On était entièrement mobilisés par la gestion de crise, mon rôle c’était la logistique ».
Le procès doit se poursuivre le 16 juin prochain.
Source : 20minutes.fr
Auteur : Hélène Sergent
Date : 7 juin 2017