Attentats du 13 novembre : un couple de fausses victimes condamné à six mois ferme

Les deux conjoints qui affirmaient avoir été blessés par l’attaque du Stade de France en 2015 ont été condamné à un an de prison, dont six mois ferme. Une tentative d’escroquerie aux attentats qui n’est pas la seule.

Un homme de 47 ans et une femme de 36 ans, soupçonnés de s’être fait passer pour des victimes des attentats de novembre 2015, ont été condamnés ce mercredi par le tribunal de Bobigny. Le parquet avait requis un an de prison ferme contre ces Serbes de 36 et 47 ans, jugeant leur comportement « innommable ». Ce couple avait affirmé, en février 2016, avoir été blessé par l’explosion à proximité du McDonald’s, près du Stade de France, le soir du 13 novembre. L’homme handicapé à 80% et son épouse, enceinte de leur deuxième enfant, s’étaient constitués partie civile « par appât du gain », explique un policier, « ils avaient entendu parler à la télévision que les victimes pouvaient se voir indemniser ».

Les deux conjoints, qui sont vendeurs d’écharpes aux alentours du Stade, avaient évoqué un choc psychologique et des douleurs ORL appuyées par un certificat médical. Mais la géolocalisation de leur téléphone a démontré qu’« à l’heure de ladite attaque, à 21h53, ils n’étaient plus à Saint-Denis mais à Aulnay-sous-Bois, où ils habitent. C’est le bornage téléphonique de leur portable qui les a trahit », assure le policier. Des mensonges « qu’ils ont rapidement reconnus » en garde à vue.

Dans le box du tribunal, visiblement bouleversés, ils ont dit « regretter » avoir menti aux policiers et aux médecins. Et tenté de se justifier en évoquant le couple d’amis, réellement blessés, qui leur auraient dit de « faire comme eux ». « Ce sont des gens tellement désemparés qu’ils ne se sont pas rendu compte de la portée de leur acte. On est dans le procès de ce que la misère, pécuniaire comme intellectuelle, peut produire », a défendu leur avocat, Olivier Monin. L’avocat du Fonds de garantie, qui recevra un euro symbolique, avait lui réclamé une peine qui « marque ». Et déploré que le travail de la structure, qui a déjà indemnisé 2.434 victimes du 13 novembre, soit « perturbé » par ces fausses victimes qui croient jouer à « la roue de la fortune ».

Interrogée, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes Juliette Méadel a réagi à cette nouvelle tentative d’escroquerie. Elle dénonce des « pratiques scandaleuses qui doivent être punies comme il se doit », mais affirme que, de façon globale « la fraude reste très isolée ». Le fonds de garantie des victimes du terrorisme et d’autres infractions (FGTI) « est très vigilant, et plusieurs autres dossiers sont encore très sérieusement étudiés », précise la secrétaire d’État.

D’autres cas de fraude recensés

Cette tentative d’escroquerie aux attentats n’est pas la première. En décembre dernier, un couple de fausses victimes a été condamné à trois et six ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Grasse (Alpes-Maritimes) pour avoir indiqué être présents le soir du 13 novembre 2015 près du Stade de France. Les deux escrocs avaient été démasqués après avoir déposé une autre demande d’indemnisation pour l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016.

Laura O., une femme de 24 ans, était, elle, jugée en novembre dernier pour avoir présenté aux policiers des faux certificats médicaux attestant qu’elle était au bar parisien Le Carillon, cible d’une attaque terroriste, le 13 novembre 2015. Elle s’était présentée en décembre 2015 au commissariat des Mureaux, dans les Yvelines, en prétendant avoir été « gravement blessée à un bras ». Mais lors de sa déposition, elle avait affirmé « avoir été soufflée par une explosion », alors que Le Carillon a été attaqué au fusil d’assaut.

Une autre femme, condamnée en juillet dernier par le tribunal correctionnel de Bobigny à six mois d’emprisonnement avec sursis, avait prétendu être au Bataclan le soir des attentats, et avait réclamé 10.000 euros au FGTI. Mais son téléphone avait indiqué que, ce soir-là, elle se trouvait à plus de vingt kilomètres du Bataclan… Lors de son procès, la fausse victime avait admis avoir menti par appât du gain.

Autre tentative d’escroquerie, celle d’un chauffeur de VTC qui affirmait, en décembre 2015, être présent au restaurant Le Petit Cambodge, dans le 10ème arrondissement de Paris, le soir des attentats. Il avait livré une version des faits entendue dans les médias. L’enquête avait révélé qu’il était une victime de l’attentat du RER B à Saint-Michel à Paris en 1995.

Source : Le Figaro / AFP
Auteur : Juliette Mickiewicz
Date : 11 janvier 2017

Crédit photos : Source : Le Figaro / AFP Auteur : Juliette Mickiewicz Date : 11 janvier 2017

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