AZF : trois mois d’instruction et les mêmes positions

La phase d’instruction du procès de la catastrophe d’AZF devant la cour d’appel de Paris est terminée. On va attaquer les plaidoiries avec des positions qui ont peu changé…

Un sandwich qui n’est plus tout à fait comestible, une accumulation de fautes dans le circuit de traitement des déchets et une dose de nitrocellulose, voilà ce qu’a pu apporter la troisième instruction en procès de la catastrophe d’AZF, devant la cour d’appel de Paris. Et au bout du compte, le bras de fer entre accusation et défense demeure, sans que les lignes aient bougé de manière spectaculaire…

« La défense a présenté de nombreux experts, mais aucun ne peut donner une explication satisfaisante, explique Me Stella Bisseuil, partie civile pour les Familles endeuillées. Total est toujours dans le déni, par rapport aux fautes dans le circuit des déchets. La défense ne veut pas reconnaître le caractère causal de ces fautes. »

Quant à la présence de nitrocellulose sur place, Me Stella Bisseuil observe : « S’il y en avait, il y en a encore, car la dépollution du site n’a pas été complète : avancer l’argument de la présence de nitrocellulose me paraît irresponsable ! »

Beaucoup de fautes

« Les débats ont confirmé qu’il y avait suffisamment de fautes sur la gestion de la sécurité pour que l’on puisse établir un lien de causalité entre cette mauvaise gestion et l’explosion, estime de con côté Me Thierry Carrère, pour les Sinistrés du 21 septembre. Le juge de première instance avait estimé que le lien de causalité n’était pas établi, mais à mon sens, le scénario chimique tient toujours la route. »

« On n’a pas prouvé la présence de DCCNa dans le 221, et donc, les conditions de la relaxe sont les mêmes, estime à l’inverse, pour la défense Me Daniel Soulez-Larivière. Deuxièmement, il ne reste pratiquement plus rien des expertises, qui deviennent impossibles sans la présence de DCCNa : l’expert est venu lui-même démonter ce qu’il avait dit. Troisième chose : au regard des derniers événements, la thèse de l’acte volontaire prend une autre dimension, lorsqu’on entend le spécialiste Gilles Képel nous expliquer qu’en 2001, il y avait bien une cellule radicale dans la région. Enfin, l’usine Saica Pack a bel et bien explosé à cause de la nitrocellulose : on n’a pas de preuve qu’il y en ait eu au hangar 221, mais c’est une alternative de plus. »

« Il y a eu une singulière évolution de l’accusation, estime quant à lui Jean-Luc Forget pour Mémoire et Solidarité. Et l’accusation s’affaiblit parce qu’elle évolue. C’est un étrange procès. Et au final, ce qui me préoccupe, c’est qu’on ne pourra toujours pas dire la vérité aux victimes. »

Au bout de 16 années…

Jusqu’au 24

Aujourd’hui, devant la cour d’appel de Paris, on entendra les victimes, qui auraient encore un message à faire passer. Puis, la semaine suivante, on entendra les plaidoiries des avocats des parties civiles.

Il n’y aura pas d’audience le 16 mai, et les réquisitions sont prévues les 17 et 18 mai.

Les plaidoiries de la défense sont prévues les 23 et 24 mai : le jugement sera ensuite mis en délibéré pour être rendu vraisemblablement à l’automne.

Source : ladepeche.fr
Auteur : Dominique Delpiroux
Date : 2 mai 2017

Crédit photos : Source : ladepeche.fr Auteur : Dominique Delpiroux Date : 2 mai 2017

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