AZF : une scène de crime où tout le monde piétine

Non, le procès en appel de la catastrophe d’AZF ne va pas s’arrêter tout de suite ! Malgré une dernière salve de Me Simon Foreman, Me Daniel Soulez-Larivière et Me Jacques Monferran pour la défense, la cour a décidé de « joindre au fond » la demande de complément d’information. Cela signifie qu’elle en décidera en fin de procès, avec le reste.

On est donc passé aux premiers témoins, dont Christian Pizzocaro, colonel des pompiers. Il raconte le casse-tête auquel il a été confronté en arrivant sur le site. Un mystérieux personnage lui glisse d’un côté qu’une deuxième explosion, encore plus colossale va avoir lui dans vingt minutes, mais les cadres d’AZF affirment qu’ils ont tout mis en sécurité, au moins pendant six heures. Lui, il doit évacuer les blessés, mais sans bouleverser ce qui va devenir une « scène de crime ».

« Des blessés sur le plateau de la grande échelle, c’est inimaginable, et pourtant, c’est arrivé. L’organisation inapplicable telle qu’elle est prévue au départ, prend du temps pour revenir à ce qu’elle doit être » constate-t-il.

Me Simon Foreman pour la défense, veut savoir si les consignes ont été données pour préserver la configuration des lieux.

« Nos consignes vont dans ce sens, explique le colonel, mais dans la pratique, il faut créer des chemins d’accès aux victimes. La configuration a été modifiée, mais nous n’avons pas d’observateurs pour dire : voilà ce qui a été bougé et ce qui n’a pas été bougé. »

Ce chaos monstrueux, c’est aussi ce que ressent le commissaire Robert Saby, lorsqu’il déboule sur place.

« C’est une scène de crime immense, avec quatre kilomètres de clôture. Verrouiller le site, personne n’y pense. Il faut gérer une dimension humaine. Une scène de crime, quand il y a des blessés, il faut donner priorité aux secours, et ceux-ci ne marchent pas sur la pointe des pieds ! constate Robert Saby. On peut me dire, des années après, « la scène de crime n’est pas intacte ». Elle a bougé, oui, mais la plus grande modification, c’est la Garonne qui l’a apportée en remplissant le cratère avec la nappe phréatique ».

Petit à petit, la mécanique policière va se mettre en place. Méthodiquement. « Pendant plusieurs semaines, on a travaillé en combinaison, au milieu de la terre, des poussières, c’était un paysage de guerre », poursuit Robert Saby.

De temps en temps, la présidente pose des questions. Ou le procureur intervient. Impossible de comprendre le moindre mot : la retransmission est inaudible…

En fin de soirée, c’est l’experte de la police scientifique Véronique Rey qui prend la parole. L’audience reprend aujourd’hui. Avec les géomètres, on fera le tour du cratère.

Source : LADEPECHE.fr
Auteur : Dominique Delpiroux
Date : 1er février 2017

Crédit photos : Source : LADEPECHE.fr Auteur : Dominique Delpiroux Date : 1er février 2017

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