AZF : verdict le 31 octobre prochain

Le procès de la catastrophe d’AZF s’est terminé hier devant la cour d’appel de Paris. Le verdict a été mis en délibéré et sera rendu le 31 octobre à 13 h 30. Un procès qui n’apporte pas grand-chose sur le fond du dossier, et qui a déçu les victimes, éloignées de la salle d’audience.

Le procès en appel de la catastrophe d’AZF s’est terminé hier devant la cour d’appel de Paris, avec les toutes dernières salves de la défense : « J’ai le soupçon d’un doute, avez-vous expliqué, Monsieur l’avocat général ? Alors si je comprends bien, vous dites : les prévenus auraient dû trouver du DCCNa, et c’est donc de leur faute. Si cela avait été de la nitrocellulose, ils auraient dû le trouver, et c’est donc de leur faute. Si c’était un attentat, ils auraient dû surveiller l’usine, et c’est donc de leur faute ! Mais alors, en cas d’attaque aérienne, ils auraient dû avoir la DCA ? »

Pour cette ultime plaidoirie de la défense, Me Daniel Soulez-Larivière a résumé ces 16 années de procédure, du premier coup de fil reçu jusqu’à cette dernière audience. Seize années avec selon lui, une piste chimique « où plus personne n’ose s’aventurer pour dire que c’est sérieux. On ne peut pas condamner sans preuve. On doit faire abstraction de la paix civile, lorsqu’on juge. C’est ce qu’avait fait le tribunal de Toulouse, en nous critiquant, mais en nous relaxant ! » Et de demander à la cour de faire de même…

Le matin, Me Jean-Pierre Boivin avait décortiqué avec une gourmandise de fin juriste, la réglementation infiniment complexe des installations classées, histoire de contrecarrer une fois de plus l’accusation.

Au dernier jour, voilà un procès qui laisse bien des interrogations et bien des frustrations. Car sur le fond, on n’a pas beaucoup progressé par rapport aux audiences précédentes.

Du côté de l’accusation, il semble que la stratégie a été de moins s’appuyer sur les expertises chimiques, les expériences tendant à démontrer qu’il s’agit d’un accident chimique, résultant d’un « sandwich » composé d’eau, de nitrates et de chlorures. Pour les avocats généraux, la « piste juridique » récapitule la « piste chimique » : il y a eu tellement de fautes dans la gestion des produits déclassés et dans le circuit de récupération des déchets, que la mise en présence de produits incompatibles était inévitable. Sans ces erreurs, il n’y aurait pas eu d’explosion.

Du côté de la défense, qui réfute totalement ce scénario chimique, on a rappelé les hypothèses alternatives, comme l’attentat, mais aussi, on s’est interrogé sur la présence de nitrocellulose sur le site d’AZF, un rebut des anciennes poudreries du secteur, à l’origine d’un accident dans une entreprise voisine. Là encore, une piste, mais rien de déterminant…

Quant aux victimes, elles ont souvent vécu cette audience longue de quatre mois comme un chemin de croix. Une expédition compliquée, coûteuse et pénible pour « monter à Paris ». Des longs délais d’attente pour accéder aux salles de retransmissions à Toulouse, où la qualité déplorable du son a rendu incompréhensible une bonne partie des débats. Il en résulte pour les victimes un sentiment de lassitude et de frustration, renforcé par l’éventualité d’un nouveau procès. Du moins, chacun a reconnu la qualité et l’écoute de la présidente de la Cour, Claudine Forkel, qui a su conduire les débats avec tact, et sans se laisser égarer.

Un procès qui s’est aussi déroulé dans l’indifférence générale du reste de l’Hexagone, qui semble avoir lui, tourné la page depuis belle lurette. Mais à Toulouse, des milliers de personnes n’ont rien oublié. Cicatrices, douleurs et cauchemars ne s’effacent pas. Et les lenteurs de la justice sont comme du sel sur les plaies.

Source : ladepeche.fr
Auteur : Dominique Delpiroux
Date : 25 mai 2017

Crédit photos : Source : ladepeche.fr Auteur : Dominique Delpiroux Date : 25 mai 2017

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes