Cellule djihadiste de Cannes-Torcy : jusqu’à 28 ans de prison pour les accusés

Après deux mois de débats, le jury a décidé de condamner les membres de la filière djihadiste Cannes-Torcy à des peines allant de un à 28 ans de prison.

Le verdict est tombé juste après la rupture du jeûne du ramadan, à l’issue de douze heures de délibéré, dans une salle surchauffée. La cour d’assises spéciale de Paris a prononcé jeudi deux acquittements et des peines allant de un à 28 ans de prison à l’encontre des accusés de la filière djihadiste de Cannes-Torcy, fruit du rassemblement des "frères" de Cannes (Alpes-Maritimes), des "frères" de Torcy (Seine-et-Marne). Les jurés se sont prononcés sur les cas des vingt membres de groupuscule considéré comme l’un des plus dangereux de France.

Parmi ces hommes âgés de 23 à 33 ans, dix se trouvaient dans le box, sept comparaissent libres et trois sont en fuite. Ils sont issus de milieux sociaux variés, originaires d’Algérie, du Laos ou de France, et "plus de la moitié sont des convertis", selon l’accusation. Dans son réquisitoire, l’avocat général avait demandé des "peines exemplaires", estimant que les membres de Cannes-Torcy avaient "radicalité" intacte et étaient "prêts à recommencer". Aucun de ceux ayant comparu libres n’ira en détention, soit qu’ils aient été acquittés, soit que leur détention provisoire couvre la peine prononcée.

"L’intention était bien de tuer"

Le chef de la filière, Jérémie Louis-Sidney, décrit comme "bouillant" de sa haine des juifs, est décédé lors de son interpellation. C’est donc son fidèle lieutenant, Jérémy Bailly, qui a écopé de la plus lourde peine : 28 ans. C’est lui qui avait lancé une grenade dans l’épicerie casher de Sarcelles le 19 septembre 2012.

Une attaque antisémite, annonciatrice de la vague terroriste qui touche la France depuis 2015, qui n’a miraculeusement pas fait de mort, mais selon l’avocat général Philippe Courroye, "l’intention était bien de tuer". La défense a dénoncé une "peine de mort civile". Jérémy Bailly a toujours nié sa participation à cet attentat, alors que le benjamin du groupe Kévin Phan, l’en a à plusieurs reprises accusé.

Le "chaînon manquant" entre Merah et le commando du 13 novembre

Des peines de 14 à 20 ans de réclusion ont été prononcées à l’encontre des "Syriens" de la bande, la peine la plus lourde étant infligée à Ibrahim Boudina, qui a passé seize mois en Syrie et qui était selon l’accusation "revenu pour commettre un attentat" sur la Côte d’Azur.

Jamel Bouteraa, qui n’a passé qu’un mois en Syrie mais est accusé d’avoir "fait des repérages en vue d’une attaque contre des militaires", a été condamné à 18 ans.

Zyed Tliba, ancien militaire qui avait gardé des liens avec son frère Abdelkader, condamné à 14 ans pour un séjour en Syrie, et Nizar Jabri, qui avait fréquenté la bande des Cannois, ont été acquittés.

La plus petite peine de prison, d’un an, a été prononcée contre Sofien Hamrouni, qui avait conduit deux de ses copains qui partaient vers la Syrie à l’aéroport : "une peine symbolique" pour son avocate Alexia Gavini, "qui tient compte de son parcours et de sa stabilité".

Lors de l’audience, la filière Cannes-Torcy a été décrite comme une cellule-souche djihadiste en France, alors que le groupe Etat islamique prenait tout juste racine entre la Syrie et l’Irak. Certains enquêteurs l’ont même décrite comme "le chaînon manquant" entre le djihadiste toulousain Mohamed Merah, qui a tué sept personnes en 2012 et le réseau qui a mené le commando du 13 novembre à semer la terreur à Paris. Depuis le début du procès le 20 avril, l’Hexagone a été touché par trois attentats successifs.

Source : lexpress.fr
Auteur : AFP
Date : 23 juin 2017

Crédit photos : Source : lexpress.fr Auteur : AFP Date : 23 juin 2017

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