Essai clinique mortel : deux ans après, le laboratoire Biotrial commence à se relever

Le centre de recherche, basé à Rennes, en Ille-et-Vilaine, a opéré quelques changements en interne, notamment dans sa communication et la reconversion de ses salariés.

Le 17 janvier 2016, Guillaume Molinet, volontaire pour un essai thérapeutique, mourrait pendant le test d’une molécule du laboratoire portugais Bial. Cinq autres volontaires avaient aussi dû être hospitalisés. Tous participaient à un essai mené par le centre de recherches Biotrial à Rennes.

Deux ans plus tard, l’information judiciaire contre X pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires" est toujours en cours. Quant à Biotrial, l’entreprise poursuit ses recherches, mais a opéré plusieurs changements.

Dans la salle d’attente du laboratoire Biotrial, quelques hommes patientent. Ils sont tous volontaires pour un essai thérapeutique. Bertrand fait cela depuis une dizaine d’années et même après la mort de Guillaume Molinet en 2016 il a continué à venir. Il note, malgré tout, quelques changements comme "des questions supplémentaires" et le fait que les employés du laboratoire "insistent un petit peu plus pour savoir comment on se sent".

"Depuis le départ, j’ai toujours senti que j’étais encadré et qu’il y avait un vrai suivi." Betrand, volontaire depuis une dizaine d’années à franceinfo

La mort du volontaire il y a deux ans reste gravée dans la mémoire de l’entreprise. "On a tous été marqués par ce qu’il s’est passé", confie Philippe L’Hosti, le responsable du laboratoire numérique.

Du côté des changements en interne depuis 2016, "ce qui a pu éventuellement un peu évoluer, c’est sur la façon de communiquer en cas de souci, explique Philippe L’Hosti. C’est donc plutôt positif". Mais, selon lui, Biotrial "prend toujours autant de précautions" lors de ses essais.

La chute de l’activité clinique

Si les mesures de sécurité n’ont pas connu de bouleversement majeur depuis 2016, c’est qu’elles étaient déjà maximales, assure François Peaucelle, le directeur général de Biotrial. En revanche, l’activité de phase 1 - durant laquelle les molécules sont testées sur l’homme - à laquelle participait le volontaire décédé en 2016, n’a quasiment pas repris. À l’époque, elle représentait 40 % du chiffre d’affaires.

"En essai clinique pur, on a perdu 60-70% de notre chiffre d’affaires en une semaine." François Peaucelle, Directeur général de Biotrial à franceinfo

"Aujourd’hui, à la demande de nos clients, ce sont des essais qui sont principalement faits sur notre site américain", indique François Peaucelle qui précise qu’il ne s’agit pas d’un manque de confiance, mais plutôt les lourdeurs administratives françaises qui poussent les clients à se tourner vers le laboratoire américain.

Les emplois maintenus

Malgré la situation délicate pour l’entreprise après l’accident mortel, les 200 salariés ont pu garder leur emploi. "Nos autres départements, tout ce qui était statistiques et laboratoires numériques, ont eu une croissance assez forte dès 2016 qui a compensé la baisse d’activité en clinique", raconte le directeur général.

"On a encouragé un certain nombre de salariés à se reconvertir dans d’autres métiers sur le site. On a réussi à éviter d’avoir à faire partir les gens de façon contrainte et forcée." François Peaucelle, Directeur général de Biotrialà franceinfo

Aujourd’hui le site rennais ne s’est pas encore complètement relevé de l’accident mortel, mais Biotrial songe a renforcer son développement international avec des vues sur le continent asiatique.

Date : 20/01/18
Auteur : Farida Nouar, Edité par Alexandra du Boucheron
Source : France info

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