Huit questions sur la disparition du vol MS804 d’EgyptAir

Un Airbus A320 d’EgyptAir qui reliait Paris au Caire a disparu au-dessus de la mer Méditerranée dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 mai. Il y avait 66 personnes à bord, dont 56 passagers. Jeudi en milieu de journée, le président français François Hollande a confirmé que l’avion s’était abîmé. : « Les informations que nous avons pu recueillir (…) nous confirment hélas que cet avion s’est abîmé et s’est perdu », a déclaré François Hollande, confirmant la présence à bord de « quinze Français ».

1. Dans quelles circonstances a-t-on perdu la trace de l’avion ?

23 h 09 : le vol MS804 quitte le terminal aéroportuaire Paris-Charles-de-Gaulle et décolle 10 minutes plus tard. Son atterrissage au Caire est prévu à 3 h 15.Retour ligne automatique
Vers 1 h 50 : le pilote de l’avion est en contact avec un contrôleur aérien grec, alors que l’appareil se trouve au dessus de l’île de Kéa. Le pilote n’indique alors aucun problème, rapporte l’aviation civile grecque.Retour ligne automatique
2 h 26 : l’avion s’apprête à sortir de l’espace aérien grec en volant à 37 000 pieds. Le contrôleur grec tente de contacter le pilote, comme l’exige la réglementation, pour lui signaler qu’il s’apprête à rentrer dans l’espace aérien égyptien, sans succès.Retour ligne automatique
2 h 29 : l’appareil est entré dans l’espace aérien égyptien. Le pilote ne répond pas aux communications du contrôleur.Retour ligne automatique
2 h 37 : l’appareil effectue deux virages brutaux (à 90° sur la gauche puis de 360° sur la droite) et chute de 22 000 pieds selon le ministre de la défense grec.Retour ligne automatique
2 h 39 : les contacts radar avec l’appareil sont perdus. L’aviation civile grecque informe aussitôt son homologue égyptienne. Les recherches sont lancées quelques minutes plus tard.

2. Comment un avion peut-il disparaître des écrans-radar ?

Un avion est détectable par des radars simplement dans les zones couvertes. Hors des terres émergées et de la portée des radars, les avions envoient leur position périodiquement par radio, via un système appelé « Automatic Dependent Surveillance-Broadcast » (ADS-B). Lors du survol de la mer Méditerranée à distance des îles grecques, c’est ce système qui permet de suivre les avions. Pour le vol d’EgyptAir MS804, les contrôleurs ont reçu le dernier relevé à 2 h 39 du matin.Retour ligne automatique
Néanmoins, un avion peut aussi disparaître des écrans-radar et cesser d’envoyer sa position pour d’autres raisons : le « transpondeur » peut être débranché volontairement ou l’avion peut faire face à des soucis électriques.

3. L’appareil a-t-il été retrouvé ?

Non. Une source anonyme au sein de l’aviation civile grecque, citée par l’AFP, affirme que l’avion s’est écrasé au large de l’île grecque de Karpathos, à l’est de la Crète. Cette affirmation n’a pas été confirmée de source officielle et aucun débris de l’appareil n’a été retrouvé à ce stade.Retour ligne automatique
Le président du Comité grec de sécurité aérienne, Athanassios Binis, a par la suite assuré que les débris retrouvés au large de l’île de Crète « ne proviennent pas d’un avion ». « Ce qui a été retrouvé, ce sont un morceau de bois et des tissus qui n’appartiennent pas à un avion », a-t-il insisté.Retour ligne automatique
François Hollande a en revanche annoncé disposer d’informations confirmant que l’avion « s’est abîmé » et « s’est perdu ».Retour ligne automatique
Le ministre de la défense grec, Panos Kammenos, a également donné des détails sur la chute de l’appareil : « L’image que nous avons et qu’à 0 h 37 GMT [2 h 37, heure de Paris], l’avion, qui se trouvait à près de 10-15 miles [environ 20 km] dans l’espace aérien égyptien, a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37 000 à 15 000 pieds, où son image a été perdue, à environ 10 000 pieds. »Retour ligne automatique
De même, des témoins en Grèce affirment avoir vu une explosion dans le ciel, qui pourrait être liée au vol d’EgyptAir. Ces témoignages restent également à vérifier par les autorités avant d’en tirer toute conclusion.

4. EgyptAir est-elle une compagnie fiable ?

EgyptAir, la compagnie nationale égyptienne, a été fondée en 1932. Elle ne figure pas dans la liste noire des compagnies aériennes de l’Union européenne. Rien n’en fait une compagnie « à risque ».Retour ligne automatique
Récemment, elle avait toutefois fait parler quand un individu était parvenu à détourner sur Chypre un avion qui faisait la liaison Alexandrie-Le Caire le 29 mars. Le pirate s’était révélé être un homme psychologiquement instable.

5. Y a-t-il eu des problèmes techniques sur ce vol ?

François Hollande a indiqué jeudi qu’« aucune hypothèse n’est écartée » pour expliquer cette catastrophe, qu’il s’agisse d’un « accident » ou d’un acte « terroriste ».Retour ligne automatique
Aucun incident technique n’a été signalé sur ce vol MS804. Les données des sites de suivi des vols commerciaux, ne relèvent aucune anomalie d’altitude ou de vitesse dans les heures qui ont précédé la disparition de l’appareil. Par ailleurs, EgyptAir a indiqué qu’il n’y avait aucune cargaison particulière à bord.Retour ligne automatique
L’A320 d’EgyptAir, a été mis en service en 2003 et comptait environ 48 000 heures de vol à son actif selon Airbus, ce qui n’en fait pas un appareil en bout de course. L’A320 est l’un des plus vendus au monde, et est considéré comme l’un des plus fiables. Selon les données consultables sur le site Flightradar, c’était le cinquième vol de la journée pour l’avion d’EgyptAir : il avait déjà effectué un retour d’Asmara (Erythrée) vers Le Caire ; un aller-retour Tunis (Tunisie)-Le Caire et un vol du Caire à Paris en fin de journée. Mais il s’agit d’une rotation classique – un avion d’Air France a par exemple effectué sept trajets entre la France et le Royaume-Uni le même jour.Retour ligne automatique
Le pilote de l’équipage était quant à lui expérimenté. Selon EgyptAir, il cumulait plus de 6 000 heures de vol, dont 2 000 sur cet appareil. Son copilote en totalisait 2 776 sur A320.

6. Y a-t-il eu un message d’alerte ou de détresse ?

Les informations à ce sujet sont contradictoires. EgyptAir a évoqué un signal reçu deux heures après la disparition de l’avion, qui aurait possiblement été émis par une balise automatique. Information réfutée par l’armée égyptienne, dont un porte-parole écrit sur Facebook qu’aucun message de ce type n’a été reçu.

7. Que sait-on des passagers ?

Selon la compagnie aérienne, il y avait 66 personnes à bord de l’avion, dont 56 passagers. Elle a également donné des indications sur la nationalité de ces derniers : 30 Egyptiens, 15 Français, 2 Irakiens, 1 Britannique, 1 Belge, 1 Koweïtien, 1 Saoudien, 1 Soudanais, 1 Tchadien, 1 Portugais, 1 Algérien et 1 Canadien.Retour ligne automatique
Les dix autres personnes à bord étaient des membres de l’équipage : 2 pilotes, 3 agents de sécurité et 5 membres du personnel en cabine. La présence d’agents de sécurité est une pratique désormais courante dans certaines compagnies aériennes, lorsqu’elles considèrent leurs vols à risque. Il s’agit en général d’employés de compagnies de sécurité privées, fait savoir au Monde un professionnel de l’l’aéronautique.

8. Quels sont les moyens déployés pour retrouver l’appareil ?

L’Egypte, la France et la Grèce ont lancé des recherches en Méditerranée pour tenter de retrouver la trace de l’Airbus A320 d’EgyptAir. L’armée grecque a dépêché plusieurs avions et une frégate dans une zone se trouvant à 241 km au sud-est de l’île de Karpathos, située entre la Crête et Rhodes, a précisé le ministère de la défense grec.Retour ligne automatique
Le président François Hollande, s’est entretenu avec son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi. Les deux dirigeants « sont convenus de coopérer étroitement pour établir le plus vite possible les circonstances de cette disparition », a annoncé l’Elysée dans un communiqué. « Nous allons évidemment nous mobiliser et nous sommes à la disposition des autorités égyptiennes pour, avec nos moyens militaires, avec nos avions, nos bateaux, aider à la recherche de cet avion », a pour sa part déclaré le ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault.Retour ligne automatique
La marine nationale française, qui a déjà dépêché depuis la base chypriote de La Sude un avion Falcon-50 pour participer aux opérations de repérage de l’épave de l’avion, va envoyer d’autres moyens dans les heures qui viennent. Un Atlantique 2, avion de patrouille maritime équipé de moyens de détection avancés, va se rendre à Chypre. De plus, un Aviso, petit bâtiment militaire, appareillera demain de Toulon pour se rendre sur place récupérer éventuellement des débris ou des victimes du crash.Retour ligne automatique
Une cellule de crise a été mise en place à Paris et à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, d’où l’avion est parti, et des familles de passagers ont été accueillies à l’aéroport du Caire.

Source : LeMonde.fr
Auteurs : Adrien Sénécat et Pierre Breteau
Date : 19.05.2016

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