La Faute-sur-Mer veut écrire une nouvelle page de son histoire

Un golf vient d’être inauguré à l’emplacement des maisons où vivaient la plupart des 29 victimes de la tempête Xynthia, noyées sous deux mètres d’eau dans la nuit du 27 au 28 février 2010.
Un choix qui ne fait pas l’unanimité parmi les familles de victimes, même si plusieurs installations rappellent, sur le site, le souvenir du drame.

Une vaste étendue verte, ponctuée d’arbres et de petits bassins, comprenant un parcours de golf à neuf trous, un « practice », un « pitch & putt », s’étend sur 25 hectares. Difficile d’imaginer qu’il y a plus de sept ans, ce paysage abritait des centaines de maisons, à peine protégées des assauts de la mer et de la rivière toutes proches (Le Lay).

C’est dans cette « cuvette mortifère », ensevelie sous plus de deux mètres d’eau, que la tempête Xynthia a causé la mort de 29 habitants à La Faute-sur-Mer (Vendée) dans la nuit du 27 au 28 février 2010. Classées en « zones noires », environ 600 maisons ont ensuite été rachetées puis rasées par l’État, amputant la commune de 36 hectares.

« C’est ce que j’appelle la résilience… »

Quel avenir pour ces espaces meurtris ? La question s’est posée dès 2011, lors d’une réunion comprenant élus, chefs d’entreprise et responsables associatifs sous l’égide de la Région. « C’est là que l’idée d’un golf a émergé », raconte Patrick Jouin, maire de La Faute-sur-Mer, qui a porté ce projet de 1,5 million d’euros financé à 60 % par la région, 20 % par l’État et 20 % par la commune.

« Nous avons mené ce travail sur un chemin de crête fragile et difficile, reconnaît-il. Il fallait être respectueux de notre histoire, tout en écrivant une nouvelle page. C’est ce que j’appelle la résilience…  » Jean-Lou Charon, président de la Fédération française de golf (FFG), définit ce site comme « un lieu de mémoire et de respect vis-à-vis des victimes, mais aussi un lieu paisible et serein tourné vers l’avenir ».

« J’aurais préféré un jardin paysager »

Des arguments difficiles à entendre pour Gisèle Arnault, qui a perdu son père lors de la tempête et a du mal à se reconstruire. « Cela me dérange fortement que des gens viennent jouer ici, confie-t-elle. J’aurais préféré un jardin paysager, plus respectueux de notre mémoire.  » De fait, « ce choix du golf nous a été imposé », souligne Renaud Pinoit, président de l’association des victimes des inondations de La Faute-sur-mer et ses environs (Avif), qui a tout de même été consulté lors de sa construction.

La stèle commémorative égrenant l’identité des victimes se situe ainsi en bordure du site, protégée par un « mur végétal ». Sur le terrain de golf, des ifs ont été plantés pour évoquer chaque maison endeuillée. « C’est aussi une manière de se repérer pour les familles de victimes car le paysage a complètement changé », poursuit-il, précisant que l’essence de ces arbres, qui ne poussent pas naturellement ici, n’a pas été choisie par hasard. Enfin, des piliers de béton rappellent à quelle hauteur l’eau est montée lors de la tempête.

Pour Monique, dont la maison donne sur le golf, «  il fallait faire quelque chose pour ne pas laisser ce site à l’abandon. Cela va redonner de la vie à la commune. » Même sentiment pour Françoise, qui vit dans le bourg : «  La page n’est pas encore tournée mais les touristes commencent à revenir. Il faut regarder devant et pas en arrière. »

« Un équilibre subtil »

Après cinq années de creux, La Faute-sur-Mer – 700 habitants l’hiver (contre 1 000 avant Xynthia) et 18 000 l’été – a retrouvé son niveau de fréquentation touristique d’avant la tempête. « L’image de la commune avait été touchée et le nombre d’hébergements avait beaucoup diminué, confirme Serge Lacroix, directeur de l’office du tourisme sud Vendée littoral. Mais beaucoup a été fait pour redonner sérénité et attractivité à ce territoire ».

Plusieurs projets sont ainsi lancés, comme un centre équestre, une ferme bio, la rénovation du port ou l’aménagement de pistes cyclables. Un jardin paysager doté d’un skate parc doit aussi voir le jour en lieu et place du camping municipal, qui avait fermé après la tempête.

« Nous sommes sur un équilibre subtil, dit encore Patrick Jouin. Dans notre société, on porte beaucoup plus collectivement les drames qu’hier. Mais il faut aussi aller de l’avant. C’est toute la complexité de l’action publique. »

Source : la-croix.com
Auteur : Florence Pagneux
Date : 27 mars 2017

Crédit photos : Source : la-croix.com Auteur : Florence Pagneux Date : 27 mars 2017

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