Moines de Tibhirine : l’enquête n’est pas finie, pour les familles

Des juges d’instruction parisiens ont reçu aujourd’hui les familles des sept moines de Tibéhirine, assassinés en Algérie en 1996, qui espèrent des avancées sur l’enquête, après des expertises mettant de nouveau en doute la thèse officielle sur leur mort. "Les familles des parties civiles considèrent que tous les éléments n’ont pas été rassemblés en vue de la recherche de la vérité judiciaire", a ajouté Me Baudouin, estimant qu’il y avait "encore des choses à faire dans le cadre de l’instruction".

Une quarantaine de proches de ces religieux, qui ont été béatifiés en décembre, se sont rendus au tribunal de grande instance de Paris pour cette réunion, la troisième organisée par les magistrats depuis le début des investigations, a indiqué à l’AFP Patrick Baudouin, avocat des familles. "Nous sommes toujours dans cette attente que les choses s’éclairent pour l’histoire de ces hommes et la problématique de cette période en Algérie, dans un contexte de relations compliquées", a déclaré à l’AFP Françoise Boëgeat, nièce du frère Paul Favre-Miville, à l’issue de cette réunion.

Au cours de cette rencontre, les juges ont fait part de "données météorologiques complémentaires" sur la période entre mars et mai 1996 dans la région où les moines ont été tués, qui "confortent encore davantage l’avis des experts sur le fait que l’assassinat serait bien antérieur à la date officielle du 21 mai 1996", a relaté Patrick Baudouin. Un rapport d’experts rendu en février 2018 avait déjà renforcé les doutes sur la thèse officielle avancée à l’époque par Alger, celle d’un enlèvement puis d’un assassinat revendiqués par des islamistes du GIA en pleine guerre civile, jugeant alors "plausible" l’hypothèse de décès survenus bien avant la date officielle de leur mort.

Les sept moines de l’ordre cistercien de la Stricte observance avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, sur les hauteurs de Médéa, en Algérie. La première revendication de leur kidnapping, signée du chef du GIA Djamel Zitouni, n’était tombée que le 26 avril. Un communiqué un mois après, le 23 mai, affirmait qu’ils avaient été tués deux jours plus tôt, la gorge tranchée. Seules les têtes avaient été retrouvées sur une route, le 30 mai. Des soupçons ont depuis émergé sur une possible implication des services secrets militaires algériens.

Dans le rapport de février 2018, les experts avaient aussi souligné que des traces d’égorgement n’apparaissaient que pour deux des moines et que tous présentent les signes d’une "décapitation post-mortem", de quoi alimenter les soupçons d’une possible mise en scène.

Source : Le Figaro
Auteur : La Rédaction
Date : 14/02/2019

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