Procès AZF : « Ils ont fait disparaître l’arme du crime »

« Ils ont fait disparaître l’arme du crime ! » L’heure est cette semaine aux plaidoiries des parties civiles, au procès de la catastrophe d’AZF, devant la cour d’Appel de Paris. Hier, c’est Me Thierry Carrère, pour les Sinistrés du 21 septembre, qui a pris la parole en premier, dressant notamment un réquisitoire contre la Commission d’enquête interne de Total.

« Certains salariés ont fait des déclarations qui ont interpellé l’inspectrice du travail. Elle a évoqué des « témoignages formatés ». Vous savez, comme lorsqu’on a écrasé ce qu’il y avait sur le disque dur, pour le remplacer par un nouveau programme. La cour devra écouter les premiers témoignages, authentiques, et pas ceux qui ont été « formatés ». A Total, les pratiques de la sécurité voulaient que l’on puisse analyser « l’arbre des causes ». Mais là, les enquêteurs de la CEI ont scié les branches de l’arbre de causes, en écartant la piste chimique. Ils ont caché le tronc de l’arbre des causes au profit de toutes sortes de pistes. Quant à la benne blanche, ils l’ont fait disparaître. Et ils semblent nous dire aujourd’hui : oui, c’est nous qui sommes responsables, mais prouvez-le ! »

Me Carrère a aussi voulu dire un mot sur ce « dépaysement » à Paris. « C’est une mauvaise idée, qui éloigne la justice des personnes qui ont subi les dommages. » Et, en guise de conclusion, cite une phrase de Michel Audiard : « La justice, c’est comme la Sainte Vierge : si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe. »

« Votre décision nous sauvera de l’immense chaos éthique de cette catastrophe. Elle confortera les valeurs d’une société où nos morts auraient aimé vivre. »

À son tour, Me Denis Benayoun, notamment pour les enseignants des lycées voisins, s’est appliqué lui à évacuer toutes les pistes fantaisistes et farfelues qui ont jalonné l’enquête, l’instruction et les procès : double explosion, piste électrique, hélicoptères…, et finalement nitrocellulose.

« Quant à la piste intentionnelle, elle a surtout stigmatisé des personnes pour la simple raison de leur origine. Et aujourd’hui encore, on vient se servir de l’affaire Merah pour tenter d’expliquer AZF : on dirait qu’à chaque fois que quelque chose de nouveau se produit sur Toulouse, on essaye de le raccrocher à cette explosion ! ».

Les plaidoiries des parties civiles se prolongent jusqu’à jeudi soir.

Source : ladepeche.fr
Auteur : D.D.
Date : 10 mai 2017

Crédit photos : Source : ladepeche.fr Auteur : D.D. Date : 10 mai 2017

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