Procès AZF : Quels sont les enjeux de ce troisième round judiciaire ?

Le troisième procès de la plus grand catastrophe industrielle française depuis 1945 s’ouvre ce mardi devant la cour d’appel de Paris.

Le 21 septembre 2001, l’usine AZF explosait à Toulouse, causant la mort de 31 personnes et blessant plus de 2.500 personnes. Plus de 15 ans après la plus grave catastrophe industrielle qu’ait connue la France depuis 1945, un troisième procès s’ouvre ce mardi devant la cour d’appel de Paris pour une durée de quatre mois. Avec plusieurs enjeux.

Epilogue judiciaire.

Relaxés en première instance au bénéfice du doute, Serge Biechlin, le directeur de l’usine AZF, et la société Grande-Paroisse, filiale de Total, ont été condamnés en appel pour « homicides involontaires ».

Ils ont écopé de trois ans de prison dont deux avec sursis et 45.000 euros d’amende pour Serge Biechlin et de 225.000 euros d’amendes pour l’entreprise.

Mais ce jugement prononcé en 2012 a été cassé par la Cour de cassation, cette dernière estimant que l’une des juges, vice-présidente de l’Institut national d’aide aux victimes et de médiation, n’aurait pas dû siéger pour des raisons d’impartialité.

Un arrêt qui remet en cause le jugement et impose un nouveau procès à Paris. Une « triple peine » pour Pauline Miranda, la présidente de l’association des sinistrés du 21 septembre. « Nous avons été victimes d’AZF. A cause d’une erreur de la magistrature, la condamnation a été cassée et aujourd’hui nous devons aller à Paris », déplore celle qui a perdu une partie de l’ouïe dans l’explosion.

Ce troisième opus est une opportunité pour les accusés de se défendre une troisième fois dans une nouvelle juridiction, loin de Toulouse.

Total au banc des accusés ?

Comme en 2012, Total, maison mère de la société Grande-Paroisse, fait l’objet d’une citation directe dans le cadre de ce nouveau procès. Si le groupe pétrolier ne fait pas partie des prévenus, plusieurs victimes estiment qu’il a une responsabilité dans les décisions prises par sa filiale, notamment en matière d’investissement et de sécurité.

Des parties civiles estiment aussi que la commission d’enquête interne du groupe pétrolier a joué un rôle dès les premières heures de l’enquête, intervenant sur le site avant même que la police judiciaire ne fige les lieux.

A chacun sa vérité

Selon l’enquête judiciaire, l’explosion est due à un mélange accidentel entre deux produits incompatibles et qui n’auraient jamais dû se croiser sur le site : l’ammonitrate et du chlore. Mais la durée de l’enquête, la disparition de la benne qui aurait contenu les produits incriminés et la multiplicité des expertises a laissé la porte ouverte à de nombreuses autres pistes.

Plusieurs ont été invoquées, de l’arc électrique à la météorite. Et certains ne croient toujours pas à la thèse de l’accusation. Sur le site de Grande Paroisse, la piste de l’acte malveillant est ainsi évoquée, tout comme celle d’une explosion souterraine spontanée. Une thèse qui sera abordée dès les premiers jours du procès.

« Nous allons faire des demandes de supplément d’informations dès le début du procès, notamment une expertise sismique. Nous nous interrogeons sur la présence de nitrocellulose dans le sous-sol  », indique Jean-Luc Forget, l’avocat de l’association d’anciens salariés, AZF Mémoire et solidarité.

Source : 20 Minutes
Auteur : Béatrice Colin
Date : 24 janvier 2017

Crédit photos : Source : 20 Minutes Auteur : Béatrice Colin Date : 24 janvier 2017

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