Procès Cannes-Torcy : La défense plaide une dernière fois avant le verdict jeudi

Les dernières plaidoiries des avocats de la défense se sont tenues ce mercredi, dans une ambiance caniculaire.

  • Depuis deux mois, la Cour d’assises spécialement composée de Paris juge vingt accusés suspectés d’appartenir à une filière djihadiste
  • L’avocat général a requis vendredi 16 juin des peines comprises entre deux ans d’emprisonnement et la perpétuité avec 22 ans de sûreté

Un procès-fleuve qui s’achève dans un contexte caniculaire. Ce mercredi, les avocats de la défense au procès de la filière Cannes-Torcy ont plaidé une dernière fois avant le rendu du verdict, jeudi en fin de journée. Une dernière journée « sans robe » pour la Cour et les parties, le président autorisant exceptionnellement magistrats et juristes à tomber le traditionnel vêtement.

Depuis deux mois, dix-sept accusés comparaissent devant la Cour d’assises spéciale de Paris. Originaires de Torcy (Seine-et-Marne) et de Cannes (Alpes-Maritimes), ils sont suspectés d’être à l’origine de l’attentat à la grenade contre une épicerie casher de Sarcelles survenu en septembre 2012, et d’avoir fomenté quatre projets d’attentats.

« C’est trop »

Comme leurs confrères avant eux, les avocats de deux des principaux accusés, Kévin P. et Jérémy B. ont dénoncé les peines «  trop lourdes » requises à l’encontre de leurs clients : 25 ans de réclusion criminelle et une peine de prison à perpétuité. « Vingt-cinq ans c’est trop. Beaucoup trop. Vous pourriez diviser la peine par deux (…) ce serait déjà une peine de violeur, une peine pour homicide  », a souligné Elise Arfi, l’avocate de Kévin P. suspecté d’avoir conduit les deux auteurs de l’attentat de Sarcelles. « Discret », « faiblard », elle décrit le jeune homme de confession bouddhiste et converti à l’islam à l’âge de 17 ans, comme la «  chose », « l’obligé » de Jérémy B. « Combien de temps doit-il passer derrière les murs pour que ça ait un sens ? », a-t-elle demandé aux magistrats.

Pour Georges Sauveur, avocat de Jérémy B., considéré comme le n°2 de la filière, le parquet a tenté « d’instrumentaliser » la Cour d’assises : « Dès le 2e jour de l’audience, nous avons tous, et moi aussi, nous nous sommes tous levés pour cette minute de silence, mais que les choses soient claires, une minute de silence n’a rien à faire dans cette salle d’audience (…) Pour justifier la perpétuité, cette peine de mort civile, s’est-on appuyé sur le dossier ? La réponse est non  ».

Le juge d’instruction brocardé

Mais c’est un point plus sociétal qui a occupé ce mercredi matin, les plaidoiries de trois avocats de la défense, ceux de deux accusés partis en Syrie fin 2012 puis revenus en janvier 2014, Ibrahim B. et Abdlekader T. Contre eux, des peines de 16 et 20 ans ont été requises. Or, selon leurs conseils, il s’agit d’un « anachronisme » de juger ces faits de 2012 dans le contexte actuel de la lutte antiterroriste.

Avant novembre 2014, tous les citoyens français partis en Syrie qui revenaient étaient jugés devant le tribunal correctionnel. Le renforcement de la loi et les attentats de janvier et novembre 2015 ont précipité la criminalisation de ces départs. Bruno Vinay, avocat d’Ibrahim B., a exhorté la Cour à dissocier « départ en Syrie » et « projet terroriste » : « Il n’a aucun lien avec cette filière (…) il l’a dit, oui j’ai combattu contre l’armée de Bachar Al-Assad mais ce n’est pas parce qu’il a combattu avec un groupe djihadiste qu’il est terroriste (…) Ne criminalisez pas cette infraction au motif que vous ne pouvez criminaliser le projet d’Ibrahim B. ».

Idem pour Thomas Klotz, avocat d’Abdelkader T., qui a dénoncé un « massacre judiciaire  » : « A partir du mois de mars 2015, on va criminaliser les retours en Syrie, pourquoi ? Parce qu’au vu de la communication de l’État islamique et des drames que nous avons connus, en 2015, il paraît improbable de rejoindre la Syrie pour faire de l’humanitaire ». Un contexte qui poussera le juge d’instruction en charge du dossier Cannes-Torcy à requalifier les poursuites contre son client deux après son interpellation. De dix années prison, Abdelkader T. et Ibrahim B. encourent désormais vingt ans de réclusion.

Le verdict est attendu jeudi en fin de journée.

Source : 20minutes.fr
Auteur : Hélène Sergent
Date : 21 juin 2017

Crédit photos : Source : 20minutes.fr Auteur : Hélène Sergent Date : 21 juin 2017

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