Saint-Denis : cinq morts et deux blessés graves dans l’incendie d’un immeuble

Bai s’est pris la tête entre les mains pour cacher ses larmes. Ce grand gaillard à la peau d’ébène craque : « C’était mon ami. Il était venu faire son PMU et était remonté vite parce que c’était le ramadan », souffle-t-il. Lundi 6 juin, en début de soirée, un incendie a ravagé le petit immeuble où habitait Ali, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). L’homme d’une soixantaine d’années s’est jeté par la fenêtre. Le drame a fait cinq morts, deux blessés graves – dont Ali –et neuf blessés légers, dont trois pompiers.

« Alilou s’est jeté par la fenêtre. La fumée est montée par derrière, l’escalier était en feu et personne ne pouvait s’échapper. Je suis rentré sauver des gens au premier en attendant les pompiers. Mais ils ont mis trente minutes à arriver ! », crie presque Bai, la voix cassée. La mairie, elle, assure que les secours sont arrivés sur place dans les dix minutes.

L’identité des victimes pas établie

Le feu s’est déclaré vers 19h15 dans cette petite bâtisse de quatre étages. Sur la façade, de grandes trainées noires montent des fenêtres des troisème et quatrième. Plus de carreaux – ils ont explosé sous la chaleur–, juste des encadrements branlants. Des planchers se sont effondrés.

« C’était un incendie important. Nous avons eu des difficultés à intervenir car l’escalier en feu et des portes blindées nous ont empêché de progresser. Nous avons dû nous résoudre à passer par l’extérieur », explique le capitaine Yvon Bot, de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris. 60 pompiers et 15 véhicules ont été mobilisés durant deux heures pour venir à bout du sinistre.

Mardi matin, l’identité des victimes n’a pas pu encore être établie. « Les corps sont très abîmés. Nous sommes incapables de dire le sexe ou l’âge des victimes. Il faut attendre », assure le capitaine Bot. Les pompiers sont encore en « phase de reconnaissance » et la brigade ne sait pas si d’autres victimes sont sous les décombres. Une école a été ouverte à promiximité pour abriter les habitants de l’immeuble voisin. Ils ont pu rétintégrer leurs appartements vers 2 heures du matin.

Un signalement effectué en mars

La mairie a précisé que l’immeuble n’était pas classé insalubre et ne faisait pas partie du programme de rénovation des quartiers anciens dégradés. « Nous savions qu’il y avait quelques squatteurs et un des deux restaurants rapides qui se trouvent à son rez-de-chaussée venait de faire l’objet d’un arrêté de fermeture pour défaut d’hygiène », précise le maire PCF Didier Paillard. Le maire adjoint au logement Stéphane Peu indique pour sa part qu’un signalement avait été effectué en mars sur la présence de squateurs dans un appartement, et de consommateurs de crack dans des caves, ainsi que sur la vétusté des installations électriques.

La mairie avait effectué une visite de l’immeuble en 2015, sans pouvoir établir juridiquement ni techniquement l’insalubrité des lieux.

Avec son architecture des années 70, l’immeuble donnait en effet l’impression d’une construction modeste mais saine. A l’intérieur pourtant, « c’était un immeuble de merde », jure le gérant du café au coin de la rue. Autour du comptoir, les habitués baissent la tête. « C’était nos amis. C’est malheureux de mourir comme ça », lâche Abdel. « S’il s’en sort, Ali va se retouver seul... C’est quelqu’un de bien », renchérit Zizou, convaincu que les membres de la famille d’Ali figurent au nombre des victimes.

Une cellule de prise en charge psychologique va être installée dans un centre de santé voisin. Une réunion avec locataires et propriotaires de l’immeuble est prévue à 18 heures.

Source : LeMonde.fr
Auteur : Sylvia Zappi
Date : 07.06.2016

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