Procès AZF en appel : ça n’avance pas

Les experts reconfrontent leurs idées sur l’explosion du hangar 221 aujourd’hui à l’audience en appel de l’explosion de l’usine AZF. Un débat de plus. Un débat pour rien ?

Une soupe chimique servie en sandwich ? Un arc électrique ? Un obus oublié ? Une météorite… Et pourquoi pas un attentat ? Les hommes verts et l’hélicoptère fantôme, voire le trafic de chlore… Depuis l’explosion de l’usine AZF le 21 septembre 2001 à 10 h 17 à Toulouse, les hypothèses qui expliquent la détonation du hangar 221 et les 300 tonnes de nitrate d’ammonium de son tas principal font l’objet de toutes les spéculations.

En jugement d’appel, avec un souci du détail qui tend parfois à la perte de temps, la justice qui a déjà dépensé 3,7 millions d’euros dans cette affaire, cherche encore à comprendre. Quelles que soient les affirmations ou les convictions des uns et des autres, la piste chimique demeure la plus crédible. Même si Total et Grande Paroisse combattent cette idée avec une constante vigueur.

Jeudi encore, pendant 6 heures, la défense s’est accrochée à « l’impossibilité » de la piste chimique. « Où est la logique dans tout ça ? », s’est alors inquiété le conseiller Michel Huyette après l’exposé du Belge Michel Lefebvre. Ce chimiste, financé par Total et Grande Paroisse, joue le contreur. Les experts judiciaires affirment que l’attentat est impossible. Il détaille comment avec 4 kg de nitrate mélangés à du fuel on peut « facilement » faire exploser le 221. Didier Bergues, l’expert judiciaire, développe ses arguments pour montrer comment le sandwich DCCNa-nitrate a fait détonner le 221 ? Michel Lefebvre lui répond étape par étape, pour affirmer le contraire et montrer qu’avec 4 kg de DCCNa, il est impossible de transformer le 221 en bombe destructrice.

Qui dit vrai ? Est-ce que 5 % d’humidité change tout ? Est-ce que le fait de reproduire une explosion en modifiant l’architecture d’un tas d’engrais rend impossible le possible ? Est-ce que le muret en béton devenu « volant » par l’explosion du box a été capable de faire détonner le tas principal ? Est-ce que Total et Grande Paroisse, en investissant dans leur défense, ont volontairement négligé le possible pour consacrer leurs efforts à l’impossible ? Et est-ce que finalement dans ces batailles d’experts indigestes pour le profane, ces messieurs, ego en bandoulière, ne finissent pas par oublier l’essentiel ? 31 morts, 2 500 blessés, 27 000 logements touchés, 1 300 entreprises sinistrées… Et une ville qui doute et qui en a assez qu’on lui raconte de fausses histoires.

La bataille des experts
Ils déposent les uns après les autres, s’écoutant, s’observant, et, au final, proposent des conclusions tellement opposées que cela frise le ridicule. Jeudi la confrontation prévue entre Michel Lefebvre, pro Total et Henri Presles, ex-CNRS, a tourné court faute de moment propice.

Aujourd’hui Didier Bergues, expert judiciaire, doit répondre à Michel Lefebvre. Espérons que cela soit plus concret. Les discussions porteront notamment sur les essais réalisés par le chimiste belge jusqu’à l’an dernier

Jean COHADON - La Dépêche - 16 janvier 2012


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