Avec une journée européenne, les victimes s’invitent dans la campagne

Les associations de victimes se sont invitées mercredi dans la campagne présidentielle à l’occasion d’une journée européenne qui doit sensibiliser l’opinion et attirer l’attention sur leurs revendications, comme la création d’un haut commissariat aux victimes.

Cinq ans après l’élection de Nicolas Sarkozy, qui a toujours affirmé vouloir une société "du côté des victimes", les associations se félicitent d’une "empathie" et d’une "écoute" à leur égard, mais déplorent un manque de moyens et d’efficacité pour appliquer leurs droits.

Souhaitant "accélérer la prise en charge des victimes", le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a annoncé que la pré-plainte en ligne pour les atteintes aux biens (vols, dégradations, escroqueries) serait "généralisée à compter du 1er septembre" 2012.

Il reprenait l’une des vingt propositions de la députée UMP de l’Yonne Marie-Louise Fort, dans un rapport visant à améliorer l’accueil des victimes dans les commissariats et gendarmeries.

Ce dispositif, déjà expérimenté dans quatre départements, permet à une victime, si elle ne connaît pas les auteurs, d’effectuer une déclaration sur internet (www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr) afin d’obtenir un rendez-vous pour déposer et signer sa plainte, évitant d’attendre au commissariat.

La législation prévoit que les victimes peuvent se porter partie civile, doivent être régulièrement informées des avancées de l’enquête par le juge d’instruction et ont le droit d’être indemnisées.

"Le dispositif législatif est aujourd’hui absolument suffisant, mais il manque une vraie effectivité des droits des victimes", souligne Olivia Mons, porte-parole de l’Inavem, qui fédère 150 associations en France.

Les victimes pâtissent ainsi des maux qui rongent la justice en général : le manque de magistrats, ainsi que la lenteur des procédures, selon elle.

"Peu de cohérence"

"Il y a en outre une superposition des dispositifs d’aide aux victimes, devenus parfois une sorte de millefeuille avec des associations ultraspécialisées et des services ministériels qui travaillent peu ensemble", ajoute Mme Mons.

"Ce qui manque aujourd’hui, entre toutes les actions des ministères, c’est qu’il n’y a pas de coordination et du coup peu de cohérence", abonde Marie-Ange Le Boulaire, organisatrice de la journée européenne, en réclamant la mise en place d’un haut commissaire aux victimes.

Placé sous la tutelle du Premier ministre, il doit selon elle permettre une approche interministérielle, d’étendre des initiatives locales réussies à d’autres régions, ou encore d’informer le législateur.

Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, qui a reçu de nombreuses victimes et leurs proches, "on a eu le sentiment qu’on nous écoute", estime Guillaume Denoix de Saint Marc, de l’Association française des victimes du terrorisme. "Malheureusement, on a parfois pu avoir l’impression d’une sorte d’instrumentalisation de la victime par le président de la République pour asseoir une politique plus répressive", regrette Mme Mons.

Plus de 200 associations, aidant sur le plan psychologique et dans leurs démarches les victimes de viols, de violences conjugales, les parents d’enfants disparus ou assassinés, les victimes de la route ou du terrorisme... étaient réunies mercredi au Trocadéro à Paris pour cette Journée européenne.

La Fenvac, importante association d’aide aux victimes, a boudé la manifestation. "Le concept d’un village, qui évoque une +foire aux victimes+, ne correspond pas du tout à notre philosophie", a expliqué à l’AFP l’une de ses membres, Françoise Rudetzki, grièvement blessée dans un attentat en 1983, à l’origine des premières mesures en faveur des victimes.

Nouvelobservateur.com avec AFP - 22 février 2012


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