"City-of-Poros" : condamnation de trois membres à 30 ans de réclusion

C’est la toute première condamnation contre cette attaque commise il y a près de vingt-quatre ans : la cour d’assises spéciale de Paris a condamné jeudi à trente ans de réclusion criminelle trois membres du Fatah-Conseil révolutionnaire (CR), dit groupe Abou-Nidal, jugés par défaut pour l’attaque du bateau City-of-Poros. Il s’agit de la peine maximale encourue. L’attentat, perpétré sur un bateau bondé de touristes, fit 9 morts et des dizaines de blessés le 11 juillet 1988 au large d’Athènes. Mais la Grèce n’avait jamais organisé de procès.
Tandis que le bateau rentrait d’une croisière d’un jour dans le golfe de Salonique, un jeune homme avait soudain tiré au pistolet-mitrailleur sur les passagers, lancé une grenade et un engin explosif, provoquant un incendie. Parmi les neuf personnes tuées figuraient trois jeunes Français : les étudiants Laurent Vigneron et Annie Audejean, qui s’apprêtaient à fêter leurs fiançailles et une secrétaire de 21 ans, Isabelle Bismuth qui, sur le bateau, s’était trouvée à jouer aux cartes avec le tireur dont elle ignorait tout.

Contre toute vraisemblance, les autorités grecques accusèrent aussitôt Laurent Vigneron d’avoir été le tireur et Isabelle Bismuth une complice (écouter le témoignage de la mère de Laurent Vigneron sur France Info). Des "accusations détestables, sans fondement", a insisté l’avocat général lors des réquisitions. "Les policiers du Pirée, volontairement, ont gardé une fausse piste, et c’est seulement en mars 1989 qu’ils ont admis que M. Vigneron n’y était absolument pour rien", a-t-il relevé. "Qu’on mette vingt-trois ans pour juger des faits, c’est inadmissible", a encore reconnu l’avocat général.

MANDATS D’ARRÊT

La cour de magistrats professionnels a suivi en tout point les réquisitions de l’avocat général. Alors que le box des accusés est resté vide pendant la durée du procès, de nouveaux mandats d’arrêt ont été décernées pour les trois accusés, déjà recherchés internationalement depuis 1992 : deux présumés Libanais à l’identité incertaine et un Jordanien.

Le jeune homme, reconnu sur photo par une trentaine de témoins comme le tireur, a été reconnu coupable d’"homicides volontaires et tentatives de meurtre, en relation avec une entreprise terroriste, le Fatah-CR, groupe Abou-Nidal". Il était présenté sous l’identité incertaine d’Adnan Sojod, 21 ans au moment des faits, porteur d’un passeport libanais tout comme Abdul Hamid Amoud, condamné pour complicité.

La cour a également condamné pour "complicité" un ancien haut responsable du Fatah-CR que l’accusation considère comme le cerveau de l’attaque : Samir Mohamed Ahmed Khaidir, alias Jaballa, alias Raphael ou Rouphael, né à Naplouse (Jordanie), actuellement territoire occupé de Cisjordanie. Il aurait aujourd’hui 61 ans.

AFP - 1er mars 2012


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