AZF : "Les responsables ont failli"

Les avocats des parties civiles se succèdent à la barre du procès en appel d’AZF, pour évoquer la douleur des victimes et les fautes de Grande Paroisse. Pendant ce temps, la défense s’intéresse à un autre sinistre, celui de Saica Pack.

« Ces victimes sont là pour que la justice n’oublie pas ce qu’on a fait de leur vie ! » Le bâtonnier Thierry Carrère a placé hier au centre de sa plaidoirie les victimes dont il est la voix. Les membres de l’association des Sinistrés du 21 septembre et Camille Piantanida, qui aurait dû devenir l’épouse de Frédéric Bonnet, s’il n’avait perdu la vie, à 27 ans, dans la catastrophe. Fidèle à René Char « S’éloigner de l’insignifiant pour se concentrer sur l’essentiel », Me Carrère se livre pendant 1 h 45 à un tour d’horizon du dossier. Tableau après tableau, il explique pourquoi aux yeux des victimes « la relaxe au bénéfice du doute est totalement inacceptable ». Et il réserve ses coups à Grande Paroisse et Total en prévenant : « Dix ans plus tard, nous avons perdu toute propension à la naïveté ! » Ironique à propos du 335 « tout passe par ce hangar sauf le DCCNa », sévère sur le 221 « comment se satisfaire d’un fonctionnement en l’absence de contrôle », vindicatif à l’égard des témoins experts de la défense « sous serment de loyauté pas de vérité ! » et affirmatif « Les prévenus ont failli ! » avant de réclamer « des condamnations les plus sévères possibles pour que tout cela ait un sens ». L’agacement du côté de la défense montre que ces paroles ont porté.

Me Leguevaques enchaîne avec une curiosité (l’intime conviction en matière correctionnelle !) mais aussi ses convictions : « L’accumulation entre la violation délibérée de l’arrêté et ces manquements répétés à des règles élémentaires de prudence fait que l’accident survenu dans l’usine est devenu une catastrophe ! » Une catastrophe liée au mélange de produits incompatibles, bien sûr. Une « évidence » que reprend Me Laspalles au nom de la CFDT « convaincue » dix ans après et qui souligne : « Aucune norme ISO ne se substituera jamais à une norme de sécurité ! ».

La défense s’interroge…

« Cette explosion suscite de grosses interrogations, bien sûr ! », déclare Me Soulez Larivière. La défense de Grande Paroisse s’intéresse au sinistre qui a touché le 13 décembre l’usine Saica Pack de Toulouse, installé à environ 2 000 mètres du cratère. « Cette explosion spontanée aurait été provoquée par la nitrocellulose », souligne la défense. Le conditionnel est de rigueur puisque le problème, que nous évoquions dans nos éditions toulousaines du 15 décembre, fait l’objet d’une enquête. Avec beaucoup de questions dont une, prépondérante : l’incendie a-t-il provoqué l’explosion ou l’explosion a-t-elle provoquée l’incendie ?

Et le rapport avec la catastrophe d’AZF ? « Évident », tranche Me Soulez Larivière puisqu’à ses yeux rien n’explique l’explosion du hangar 221 et surtout pas la piste chimique. « Cette explosion soulève une nouvelle hypothèse, celle d’une explosion causée par la décomposition d’un explosif présent dans le sous-sol de l’ancienne poudrerie… » Pas totalement nouveau puisque l’hypothèse a déjà été évoquée à l’audience par un témoin.

La Dépêche - Jean COHADON - 1er mars 2012


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