AZF : la défense refuse le "ball trap judiciaire"

« Je ne sais pas si la douleur et la souffrance sont solubles dans la condamnation. Je crois surtout qu’elles s’appuient sur la connaissance de la vérité ! » Me Jacques Monferran a lancé hier les plaidoiries de la défense en faveur de Grande Paroisse et de Serge Biechlin au procès en appel de la catastrophe d’AZF le 21 septembre 2001. Avec la volonté de « confirmer » de la relaxe de première instance.

L’avocat toulousain veut « donner envie » à la cour de conforter ce jugement. Son intervention, très large, liste erreurs (du parquet, des juges d’instructions) et critiques de l’enquête, des expertises. Il regrette les ouvriers arrêtés « parce qu’explosion vaut infraction ! ». « Il faut 24 heures pour interpeller 20 personnes, en placer treize en garde à vue puis en examen. Mais cinq ans pour obtenir une relaxe ! »

Me Monferran réserve ses directs aux experts judiciaires « Je vois du danger quand ils deviennent des témoins » pour mieux défendre les sachants de Total « Vous croyez vraiment qu’ils écrivent n’importe quoi simplement pour faire plaisir à Total ? ». Même défense des membres de la commission d’enquête interne. Et l’avocat, agacé « qu’on torde et déforme les faits » lâche : « Je n’y suis pour rien si le code pénal est entré dans l’usine et en est sorti bredouille ! Le lien de causalité, c’est au ministère public d’en faire la démonstration, pas à la défense ! ».

Il termine en condamnant « le ball-trap judiciaire ». « On peut penser qu’on va condamner Total à travers Grande Paroisse mais c’est faux. Condamner Serge Biechlin ? Mais ce n’est pas un homme seul. Derrière lui, c’est tout une époque, une usine. Ces 500 personnes qui ont perdu leur travail, leur usine, leur maison et pour vingt d’entre eux, qui ont perdu leur honneur. Certains auraient dû être décorés plutôt que d’être poursuivis. Ne le faites pas ! »

Mes Manuel Pennaforte et Jean-Pierre Boivin ont poursuivi, décortiquant directives administratives et environnementales, mais aussi le dossier, pour mieux défendre Serge Biechlin. Et surtout démontrer son absence « de fautes caractérisées ».

"Rien" contre Total

Dans la droite ligne du réquisitoire qui, vendredi, n’a pas visé la société Total, Mes Mickaël Malka et Jean Veil ont enfoncé les arguments hier pour réclamer la confirmation de la relaxe du premier groupe français. « La société Total victime d’une présomption de mauvaise foi. Tout ce qui venait de Total était suspect, voir louche ! », prévient Me Malka, refusant « l’acharnement » des parties civiles. La défense de Total conteste la poursuite : « Rien dans le dossier n’est vecteur d’une infraction pénale qui puisse être reprochée à M. Desmarest et à Total », développe Me Veil, souvent ironique et même cabot. L’avocat critique à l’égard des parties civiles : « On veut flétrir Total » résume à propos du « timide » Thierry Desmarest : « Et non quand on dirige Total on ne s’occupe pas de ranger les sacs, de vider les bennes ! On gère un groupe avec les problèmes que ça pose et les responsabilités que ça impose ! »

La Dépêche 14 mars 2012


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