Accident mortel de Stains : "J’ai vu le plancher céder"

La fête de Pâques s’est muée en cauchemar, dimanche, pour de nombreux protestants évangéliques de Seine-Saint-Denis. Ces fidèles, pour la plupart haïtiens, étaient réunis dans un local sans âme de Stains pour célébrer leur foi en la résurrection du Christ, quand un plancher s’est effondré.

« Normalement aujourd’hui, c’était la fête, on était tous ensemble pour Pâques et puis ça s’est à moitié effondré au premier étage. J’ai vu le plancher céder. J’ai eu beaucoup de chance mais c’est vraiment horrible », décrit d’une voix fatiguée Marie Dorvil, recouverte d’une couverture de survie.

Dans ce quartier pavillonnaire situé en bordure de voie de chemin de fer d’un côté et d’une petite zone industrielle de l’autre, des dizaines de personnes rescapées du drame et encore sous le choc restent dans la rue en début de soirée. Elles répugnent à parler aux médias, nombreux.

Un ancien local professionnel

« J’ai entendu un cri, je me suis retourné et j’ai vu de la poussière, j’ai vu que le plancher s’était effondré, c’est affreux », raconte un homme qui ne veut pas donner son nom se présentant comme Frère Patrick. Les victimes sont tombées dans le « cratère » formé par l’effondrement. Certaines ont été secourues par leurs coreligionnaires, d’autres par les secours, arrivés très rapidement sur les lieux après l’accident, survenu à 14H30.

Le bâtiment ocre et sans âme, orné d’une croix, n’a rien de l’image traditionnelle d’un lieu de culte. Il tient plus d’un local professionnel avec un garage au rez-de-chaussée. C’était d’ailleurs son usage initial selon Michel Fourcade, le maire PS de Pierrefitte-sur-Seine, commune située à quelques mètres du local. Mais ce lieu abrite désormais cette église évangélique, où, selon les voisins, se pressent chaque dimanche en famille des fidèles, en grande majorité haïtiens. Dimanche, une fillette de six ans est morte après une chute d’environ 2,5 mètres. Une autre de deux ans est grièvement blessée, tout comme une femme de 42 ans.

"Ça bougeait quand nous étions nombreux"

Et derrière l’émotion, pointent déjà les questions alors que le pasteur et le propriétaire des lieux ont été placés en garde à vue en début de soirée. « Cette salle n’était pas faite pour accueillir autant de monde », accuse Junior Guyot, un jeune homme de 24 ans venu chercher sa mère présente lors de l’effondrement. « Je n’y suis allé que deux fois mais ça se voyait, ça tremblait, ça bougeait quand nous étions nombreux, c’était pas solide », poursuit-il.

A quelques mètres, Marie, 48 ans, qui ne veut pas dire son nom, couverture de survie sur les épaules et cheveux en pagaille, est sortie de la salle juste avant l’effondrement : « J’ai entendu les gens hurler quelques instants après être sortie de l’église, j’ai eu énormément de chance mais je pense à tous ces pauvres gens blessés, c’est très triste », confie cette habituée des lieux.

France Soir - 9 avril 2012


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