« Concordia » : premier accord avec les victimes françaises

235 rescapés ont signé un protocole prévoyant 9000 euros de provision.

Costa Croisière vient de verser 2,115 millions d’euros sur le compte du « collectif des naufragés français du Concordia », groupant la majorité des naufragés français. Près de quatre mois après la catastrophe maritime qui a fait 32 morts, la compagnie vient de trouver un terrain d’entente avec près de 70 % des passagers français. Un protocole d’accord a été signé avec le collectif emmené par la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs) et Anne Decré, qui groupe 235 passagers.

Cette somme doit permettre, en premier lieu, le versement d’une provision de 9000 euros à chacun des membres du collectif. La compagnie avait proposé en février dernier une indemnisation de 11.000 euros à chaque victime, en échéance d’un renoncement à toute procédure. Bertrand Courtois, avocat du collectif, avait obtenu du juge des référés de Nanterre un report de trois mois de la date butoir de cette offre.

Le collectif est finalement parvenu à repousser encore l’échéance : l’ensemble des passagers continuent de pouvoir opter pour le forfait de 11.000 euros, pendant encore sept mois, s’ils ne parviennent pas à un meilleur accord d’ici là avec la compagnie.

Le protocole prévoit en effet un travail d’analyse détaillé des dossiers de chacun des 235 naufragés du collectif, afin d’évaluer précisément les préjudices subis - ces frais d’expertise sont pris en charge par Costa. Les passagers gardent néanmoins la possibilité de se tourner in fine devant les tribunaux.

50.000 euros à des victimes de la passerelle du Queen Mary 2

Le préjudice moral reste très variable selon les situations. Une grande partie des naufragés du Concordia se trouvaient à bâbord, face au large, tandis que le navire sombrait en penchant côté rivage. Si bien qu’une partie d’entre eux ont cru que le bateau coulait en pleine mer, et non pas près des côtes. Une mère qui avait perdu de vue son enfant l’a cru noyé pendant près d’une heure. Elle n’a pas repris à ce jour son activité professionnelle. D’autres ont vu des personnes mourir à leur côté de crise cardiaque ou de noyade. Ceux-là peuvent prétendre à un préjudice dit « d’angoisse » important. À titre de référence, les juges ont accordé 50.000 euros à des victimes de l’effondrement de la passerelle qui reliait le quai au Queen Mary 2 au port, faisant 16 morts et 29 blessés en 2003.

Quatorze naufragés français, qui ne font pas partie du collectif, veulent demander mercredi au juge des référés de Nanterre d’ordonner une expertise psychologique et le versement d’une provision de 50.000 euros chacun, estimant leur préjudice très lourd. Une trentaine de passagers ont également décidé de tenter leur chance à travers une action collective aux États-Unis, dont ils espèrent jusqu’à 100.000 euros. Parmi les 462 passagers hexagonaux, un peu moins de 200 autres naufragés ont en revanche déjà accepté la somme forfaitaire de 11.000 euros. Pour les proches des 6 morts français, une somme de près de 100.000 euros aurait été prévue.

Laurence de Charette, Le Figaro.fr - 8 mai 2012


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