Le crash du Sukhoi soulève beaucoup de questions

Le crash mercredi d’un Sukhoi Superjet 100-95 (Soukhoï) soulève beaucoup de questions, entre l’incertitude sur le nombre de victimes, la sécurité aérienne en Indonésie et l’avenir de l’industrie aéronautique russe.

Deux jours après le drame, 250 alpinistes ont été envoyés le 11 mai 2011 pour essayer de récupérer les corps des victimes, l’appareil s’étant écrasé sur une paroi presque verticale du volcan Salak 80 kilomètres au sud de l’aéroport de Jakarta. Mais il faudra probablement attendre plusieurs jours avant d’avoir un bilan définitif, différentes sources parlant de 46 à 50 personnes à bord. La seule certitude concerne le nombre de Russes, huit.

L’image du transport aérien en Indonésie en a pris un coup, même indirect. On se souvient que l’ensemble des compagnies aériennes du pays avait été placé sur liste noire par l’Union Européenne en 2007 suite à une série d’accidents mortels, Garuda Indonesia étant la première à en sortir en 2009 (rejointe depuis par cinq autres dont Indonesia AirAsia et Mandala Airlines). Si aucune n’est en cause cette fois-ci puisqu’il s’agissait d’un vol de démonstration, le quotidien Jakarta Post décrit le lieu de l’accident comme un « cimetière », rappelant que six accidents dans la région ont coûté la vie à au moins 36 personnes depuis 2002. Ce qui pousse à se demander pourquoi un vol de démonstration a pu se diriger vers une zone aussi dangereuse.

Enfin le fait que le Superjet soit de fabrication russe pousse sans surprise à une surenchère médiatique contre l’industrie du pays, avec de constants rappels des accidents ayant touché les Tupolev d’un autre âge, même si l’on ignore toujours la cause de l’accident. L’appareil est pourtant de conception moderne, sa construction ayant impliqué des constructeurs « reconnus » comme Finmeccanica ou les français Safran et Thales.Sukhoi aura probablement du mal à effacer cette « tâche » sur le programme du SSJ100, commandé à 240 exemplaires et qui devait concurrencer les Embraer et autres Bombardier sur le marché des avions de moins de 100 places (il est aujourd’hui en service chez Aeroflot et Armavia). On rappellera toutefois que le premier crash d’un Airbus A320 à Mulhouse en 1988 n’avait pas empêché le succès que l’on sait du monocouloir européen…

François Duclos, Air Journal - 11 mai 2012


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