Incendie à Paris : la piste criminelle semble se préciser

Elle est "sérieusement envisagée" selon le parquet. Ce sinistre a fait 17 blessés, dont 5 graves, dimanche après-midi à Belleville.

"L’enquête est en cours" indique seulement la préfecture de police de Paris mardi 29 mai après l’incendie qui a frappé dimanche un immeuble de la cour Lesage, à Belleville, dans le 20e arrondissement. Le bilan est lourd : 17 blessés, dont 5 graves. Mardi, la mairie du 20e fait toujours état de 5 blessés graves et de 11 blessés légers. Aucun pronostic vital ne serait toutefois engagé, selon le parquet de Paris, qui évoque essentiellement, au-delà de la personne qui s’est défenestrée, des "intoxications" plus ou moins importantes.

Peu après 14 heures, dimanche, l’incendie s’est déclaré dans une cave de 4m2 de l’immeuble concerné, avant de se propager dans la cage d’escalier de bois et de monter jusqu’au dernier étage. "L’incendie s’est propagé très rapidement par l’escalier, et les jonctions des canalisations de gaz, en plomb, ont fondu, ce qui a accéléré la propagation du feu avant que nous arrivions et coupions le gaz" explique au "Nouvel Observateur" un pompier de la BSPP (Brigade des sapeurs-pompiers de Paris).

Deux jeunes garçons entendus dimanche ?

L’incendie a été maîtrisé vers 16 heures. "On n’a pas de certitude sur l’origine de l’incendie" a déclaré dimanche la ministre du Logement Cécile Duflot, sur place. Mais la saisie de la brigade criminelle de la Police Judiciaire de Paris laissait déjà supposer que les enquêteurs disposaient d’indices leur permettant de penser que le sinistre pouvait être d’origine criminelle. Une source policière indiquait par ailleurs lundi au "Parisien" que "deux jeunes garçons ont été entendus" dès dimanche. Sans plus de détails pour l’instant.

Une piste criminelle qui semble se préciser mardi 29 mai, le parquet de Paris confiant au "Nouvel Observateur" qu’au vu des premières constatations, "deux foyers" de l’incendie auraient été déterminés : un dans la cave, l’autre à l’entrée de l’immeuble. "Au regard de certains témoignages, notamment celle de ces jeunes gens aperçus par certains, ainsi qu’une autre piste en cours d’exploitation qui confirmerait que l’origine n’est pas accidentelle" explique le parquet, "la piste criminelle est sérieusement envisagée."

De nombreuses personnes à reloger, pour combien de temps ?

Rien n’est encore sûr pour l’instant et aucune interpellation n’avait été réalisée mardi 29 en fin de matinée. Dimanche et lundi, la mairie de Paris a mis en place un dispositif d’accueil, notamment "pour les personnes absentes lors du sinistre rentrant chez elles" explique la mairie du 20e au "Nouvel Observateur."

Cécile Duflot a annoncé dimanche qu’entre "130 et 150 personnes" devaient être relogées "le plus près possible de leurs logements". Les 63 appartements de l’immeuble A, particulièrement touché par l’incendie, ne sont pas habitables. "Certains habitants se sont débrouillés par leurs propres moyens" explique la mairie, et une "trentaine ont été hébergés dimanche entre le 12e, le 20e, et Cergy-Pontoise." D’autres ont été dirigés "vers la proche banlieue".

"Les appartements en eux-mêmes sont dans l’ensemble relativement peu touchés, au contraire de la cage d’escalier et de l’accès à ces logements" poursuit la mairie du 20e. Lundi, certains habitants ont pu accéder brièvement à leurs appartements via "une rampe d’accès transitoire" pour récupérer quelques objets personnels.

La mairie a fait appel à une société de gardiennage pour veiller sur les appartements et un rendez-vous avec le syndicat de copropriété est prévu mardi après-midi. Si elle assure que "le dispositif d’hébergement d’urgence sera prolongé autant que nécessaire", la mairie ignore, pour l’heure, combien de temps cela peut durer.

Céline Rastello, Le Nouvel Observateur - 30 mai 2012


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