Affaire Merah : les juges promettent la lumière sur d’éventuelles complicités

Les juges d’instruction enquêtant sur l’affaire Mohamed Merah ont reçu mardi les familles des victimes juives du tueur au scooter, leur promettant en particulier de faire toute la lumière sur d’éventuelles complicités.

"Il s’agissait pour les juges d’expliquer directement aux parties civiles l’état de leurs investigations", a indiqué à la presse Me Philippe Soussi, l’un des défenseurs d’Aaron Bijaoui, l’adolescent blessé lors de la tuerie du 19 mars de l’école juive à Toulouse, après une rencontre de près de trois heures avec les juges.

La recherche d’un réseau qui aurait aidé Mohammed Merah "fait partie des investigations", menées notamment au plan international, a précisé l’avocat tout en ajoutant qu’il ne souhaitait pas parler du fond du dossier.

"Seul Abdelkader Merah (frère du tueur - ndlr) est mis en examen pour complicité d’assassinats mais les magistrats instructeurs n’on absolument rien exclu en terme de complicité", a-t-il déclaré.

Abdelkader Merah est aussi poursuivi pour vol en réunion pour avoir participé avec son frère au vol le 6 mars à Toulouse du puissant scooter que Mohamed Merah a utilisé lors des tueries. Après la mort du tueur au scooter, des enquêteurs avaient émis l’hypothèse d’un "troisième homme".

S’il était connu des services de police pour son engagement de longue date en faveur d’un islam radical, Abdelkader Merah réfute tous les chefs d’inculpation, selon son avocate, Anne-Sophie Laguens, qui ne veut pas que son client devienne le "bouc émissaire" de son frère cadet.

"Ce qui a dysfonctionné"

Le rôle de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) devrait également intéresser les magistrats. Interrogé sur cet aspect, l’avocat de l’adolescent blessé a répondu "avoir la certitude que les magistrats instructeurs feront, voire ont déjà fait, leur travail".

Lundi, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a demandé une étude "sur ce qui a dysfonctionné" dans l’affaire Mohamed Merah.

"Les magistrats nous ont documentés le plus possible sur les pistes qu’ils envisagent, sur ce qui a déjà été réalisé, tout en nous confiant certaines difficultés", a dit de son côté Me Patrick Klugman, avocat de la famille de Jonathan Sandler, assassiné avec ses deux enfants.

Le tueur au scooter s’était rendu en 2010 et 2011 en Afghanistan et au Pakistan, notamment au Waziristan, où, selon un ouvrage à paraître ("Affaire Merah, l’enquête", Ed. Michel Lafon), des services de renseignement occidentaux ont établi un lien entre Merah "et une organisation proche d’Al-Qaïda".

Mohamed Merah avait été entendu en novembre 2011 par un agent de la DCRI de Toulouse à la suite de ces voyages mais le patron des services de renseignement de l’époque, Bernard Squarcini, avait démenti fin mars qu’il soit un "indic" de son service.

C’est à l’école Ozar Hatorah que Mohamed Merah a assassiné le 19 mars Jonathan Sandler, 30 ans, professeur de religion juive, ses deux fils Arieh (5 ans) et Gabriel (4 ans), ainsi que Myriam Monsonego (7 ans), la fille du directeur de l’école.

A l’école Ozar Hatorah, Mohamed Merah avait aussi gravement blessé Aaron Bijaoui, âgé de 15 ans et demi.

Merah est tombé sous les balles du Raid le 22 mars durant l’assaut donné à son appartement toulousain alors que, selon ses déclarations aux policiers lors du siège, il se disposait à commettre d’autres assassinats.

Les juges enquêteurs ont déjà reçu le 14 mai la famille d’Imad Ibn-Ziaten, le premier des soldats tué par Merah le 11 mars à Toulouse. Le 15 mars, Merah tuait deux autres parachutistes à Montauban (Tarn-et-Garonne), Abel Chennouf et Mohamed Legouade, et en blessait très gravement un troisième, Loïc Liber.

Le Point.Fr - 5 juin 2012


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