Xynthia : la Cour des comptes cible les défaillances de l’État

Deux ans près les inondations dues à la tempête Xynthia et à celles du Var, la Cour des comptes pointe des insuffisances dans la prévention et des dépenses inutiles.

En février 2010, la tempête Xynthia a fait des dégâts considérables en Vendée et en Charente-Maritime. Quelques mois plus tard, le 15 juin 2010, c’était au tour du Var d’être touché par des inondations hors du commun, qui ont coûté la vie à vingt-neuf personnes. Outre le lourd bilan humain, ces catastrophes ont également eu un coût matériel et financier conséquent. Après une longue enquête, la Cour des comptes a présenté ce jeudi son rapport sur les enseignements à tirer de ces deux événements.

Premier point mis en lumière, le problème de la prévention. La Cour des comptes regrette une « culture du risque insuffisante ». « La population tout comme les élus doivent retrouver la mémoire du temps long », insiste son président Didier Migaud. Selon lui, « les nombreuses catastrophes qui ont existé par le passé ont été oubliées ». Pourtant, la sonnette d’alarme avait été tirée. Ainsi, dès 2008, un rapport pointait le risque de submersion marine en Sud-Vendée, sans que rien ne soit fait.

Un risque encore accru par des systèmes d’alerte aux populations inefficaces. Les prévisions météorologiques ont été incapables d’anticiper la violence de Xynthia, tandis que dans le Var, le passage au niveau rouge de l’alerte n’avait pas été retenu par Météo-France. En ce qui concerne les dispositifs de secours, la Cour des comptes pointe les manquements de l’État. Celui-ci n’avait pas actualisé les plans Orsec et n’avait même pas organisé d’exercices autour des risques d’inondations. Résultat : d’énormes cafouillages dans l’organisation des secours. Comble de l’ironie, plusieurs casernes ont même été inondées au moment des catastrophes, rendant encore plus difficiles les opérations. Ainsi, dans le Var, c’est le centre principal de secours qui a été ravagé par les eaux…

Mais le problème que la tempête Xynthia a particulièrement mis en avant est celui de l’urbanisme dans les zones à risque. Les rapports dénoncent à ce sujet de graves manquements. Si les élus locaux se sont souvent opposés à l’adoption de plans de prévention des inondations (PPRi) pour ne pas bloquer l’urbanisation de leur commune, la Cour des comptes fustige surtout la frilosité de l’Etat à imposer ces plans. Depuis, des actions ont bien été entreprises, notamment pour réactualiser les plans d’urbanisme, mais demeurent largement insuffisantes.

Enfin, les critiques les plus sévères du rapport concernent la gestion financière de ces catastrophes. Pour Xynthia, les dépenses publiques totales (État, collectivités locales, Europe) s’élèvent à 457 millions d’euros. En ce qui concerne le Var, c’est 201 millions d’euros qui ont été déboursés. Des dépenses qui comprennent notamment le rachat par l’État des biens immobiliers situés en zone à risque. Or, dénonce le rapport, ce processus a été mis en place beaucoup trop rapidement dans le cas de Xynthia. Conséquence : rien qu’en Vendée, l’État a dépensé près de 50 millions d’euros pour des maisons qui ne couraient pas véritablement de danger.

Léa BENET, Le Figaro.fr - 05 juillet 2012


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