Crash du Rio-Paris : ce que révèle le rapport judiciaire

- Des erreurs humaines, des défaillances techniques, des procédures inadaptées, une météo houleuse : la catastrophe du vol AF447 en juin 2009 s’explique par plusieurs facteurs, selon le rapport judiciaire.

Une conjonction d’erreurs humaines et de défaillances techniques. C’est la conclusion du rapport mené par des experts judiciaires sur les causes de l’accident du vol Rio-Paris, le 1er juin 2009, selon une source proche du dossier. L’enquête sera présentée le 10 juillet aux familles des victimes, soit trois ans après l’une des plus graves catastrophes de l’aviation française, qui avait coûté la vie aux 228 passagers et membres d’équipage de cet Airbus A330. Parmi les causes évoquées par les experts : une perte de données due au givrage des sondes Pitot, une procédure inadaptée dans ce cas précis, une réaction inappropriée de l’équipage ou encore un manque de suivi des incidents survenus depuis 2004 sur les appareils.

Au cours des 356 pages d’enquête, les experts reviennent à plusieurs reprises sur la façon dont l’appareil a décroché. Une trajectoire non maîtrisée survenue après la perte de données due au givrage des sondes Pitot. « Le déficit d’information aux équipages concernant le givrage des sondes ou de l’altitude est contributif de l’effet de surprise », indique la même source, citant les conclusions du rapport.

L’enquête évoque ensuite des procédures d’urgence inadaptées, mentionnant que celle requise lors du givrage des sondes, « bien qu’adaptée à la situation, était inadéquate au vu des symptômes perceptibles ». À ces facteurs, il faut ajouter des « conditions de vol défavorables : de nuit, en turbulences et sans références visuelles ».

Le BEA publie son rapport final jeudi
Les experts pointent par ailleurs l’action du commandant de bord, qui « n’a pas assumé ses responsabilités managériales » et « a inhibé la volonté de bien faire du copilote ». Avant de mettre en cause la formation : « Pas d’exigences particulières complémentaires à la compétence du copilote, définies par l’exploitant, pour assumer la fonction de suppléant du commandant de bord ». Des modifications techniques sont ensuite épinglées, n’ayant pas été suivies d’analyse de sécurité. Des « incidents de perte d’indications de vitesse depuis 2004 » n’ont pas non plus été suivis d’effets.

Ces révélations interviennent alors que le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), l’organisme public français chargé des investigations en matière de sécurité aérienne, rendra public jeudi son rapport final d’enquête. Mais déjà, l’association Entraide et Solidarité AF447, qui représente les familles de victimes, a réagi par la voix de son président, Robert Soulas, qui s’est rejoui que le rapport judiciaire soit « beaucoup plus impartial que le BEA ». « Les responsabilités d’Airbus, d’Air France et des pilotes sont pointées, des problèmes de fonctionnement de l’appareil sont même évoqués alors qu’avec le BEA on avait l’impression que seuls les pilotes étaient responsables », a-t-il déclaré, après avoir eu accès aux conclusions générales du rapport. Et de poursuivre : « On attend patiemment ce que va dire le BEA. Maintenant, la base de réflexion est plus large. » Dans l’enquête judiciaire, Air France et Airbus ont été mis en examen en février 2011 pour homicide involontaire.

Le figaro.fr - 04 juillet 2012


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