Avalanche : "C’était terrible, j’ai cru que j’allais mourir"

Thomas est ressorti vivant de l’avalanche qui a fait neuf morts et douze blessés, il raconte.

"Nous avions ce rêve depuis deux ans d’aller au sommet du mont Blanc. C’est terrible, j’ai cru que j’allais mourir", confie Thomas Vybro, Danois de 30 ans, avant sa sortie d’hôpital vendredi, au lendemain de l’avalanche dans laquelle neuf alpinistes ont trouvé la mort. Avec son ami Alex Peterson, 29 ans, lui aussi originaire de Copenhague, ces deux débutants s’étaient entraînés toute la semaine pour parvenir au sommet du toit de l’Europe (4 810 mètres).

Malheureusement, le mauvais temps des derniers jours ne se prêtait pas à une telle ascension. Sur les conseils de leur guide Daniel Rosetto, 63 ans et 221 mont Blanc à son actif, ils avaient donc décidé de monter jusqu’au mont Maudit, "de regarder le mont Blanc et de redescendre". "Tant qu’on est monté, on n’a pas senti du tout qu’il y avait un risque d’avalanche, sinon, on aurait fait demi-tour", assure Daniel, allongé comme Thomas dans une chambre de l’hôpital de Sallanches, avec une luxation à l’épaule et une côte cassée.

"Je me suis vraiment dit : je vais mourir"

Les trois alpinistes n’eurent pas le temps d’aller jusqu’au sommet du mont Maudit. Alors qu’ils avançaient difficilement sur sa face nord "très raide", "l’avalanche est passée juste à côté de nous, avec plein de glace et de neige mêlées", raconte Thomas. "Je me suis dit, si ça me touche, je serai sérieusement blessé. Et une demi-seconde après, l’avalanche nous a frappés", se souvient-il.

"Sa force était tellement puissante que ça m’a renversé en arrière, j’ai perdu mon piolet, mes lunettes, ma lampe frontale et tout le reste. C’était terrible, j’ai cru que j’allais mourir, je me suis vraiment dit je vais mourir", poursuit-il. "Cela allait tellement vite. J’étais sûr que nous heurterions quelque chose qui nous tuerait ou que nous allions tomber d’une falaise", ajoute le jeune Danois.

"Creuser pendant une heure et demie"

Quand l’avalanche s’est arrêtée, Thomas s’est retrouvé recouvert de neige avec son ami Alex étalé sur lui, la corde autour du cou. Les deux apprentis alpinistes parviennent alors à se libérer de l’avalanche avec difficulté. Leur guide, Daniel, plus sérieusement blessé, ne peut pas bouger. "Alex a soudain entendu des gens crier. Nous avons couru vers eux et avons commencé à creuser pendant une heure et demie", raconte Thomas. "Nous avons utilisé nos crampons pour creuser. Il y avait seulement un mètre de neige mais elle était très dure", ajoute-t-il.

"J’avais du mal à respirer. J’ai pensé que c’était l’altitude mais c’était parce que j’avais de la glace dans les poumons", explique-t-il. "Mais le pire, c’était de voir que les gens que nous avons sortis de la neige étaient morts, et d’autres très mal en point, avec des jambes cassées. C’était horrible", lâche-t-il.

Sur les six alpinistes que Thomas a aidés à désensevelir, deux étaient déjà morts. L’avalanche a fait au total neuf morts et douze blessés. Alex, qui souffre d’une luxation, est sorti de l’hôpital dès jeudi, tandis que Thomas et Daniel peuvent sortir vendredi. "Tout le monde dit que nous sommes les personnes les plus chanceuses de l’avalanche", sourit Thomas, qui travaille dans une société de "Life coaching", conseil en développement personnel.

AFP - 13 juillet 2012


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