Drame du mont Blanc : l’erreur humaine semble écartée

Une enquête a été ouverte pour établir les circonstances de l’accident qui a causé la mort de neuf alpinistes, jeudi matin.

Chamonix a revêtu depuis vendredi des habits qu’elle connaît trop bien : ceux du deuil. La ville, grouillante de touristes en cette période estivale, devait accueillir les proches des neuf alpinistes emportés par l’avalanche de jeudi. Les familles devaient être reçues à la mairie en présence d’un membre du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM), l’unité qui a géré les secours dès que l’alerte a été donnée, jeudi à 5 h 30.

Coulée. « On essaie de leur faire comprendre le mieux possible pourquoi leurs proches sont morts […]. Il n’y a pas eu d’erreur technique », confiait à l’AFP Jean-Louis Verdier, adjoint au maire à la montagne et à la sécurité.

Dans l’accident, le plus grave dans les Alpes françaises depuis dix ans, deux Espagnols, trois Allemands, un Suisse et trois Britanniques ont péri. Leurs cordées, engagées dans cette voie classique d’ascension du mont Blanc, classée peu difficile, ont été surprises à l’aube par une coulée de neige à 4 200 mètres d’altitude, sur la face nord du mont Maudit. L’avalanche a également fait douze blessés, dont trois Espagnols, deux Allemands, deux Américains, deux Danois, un Serbe, un Français hospitalisés à Sallanches (Haute-Savoie), et un Suisse, plus gravement atteint, transféré à l’hôpital de Sion.

Le parquet de Bonneville a indiqué qu’une enquête avait été ouverte pour établir les circonstances de l’accident. « J’ai requis un expert en avalanche », a déclaré à l’AFP le procureur de la République de Bonneville, Pierre-Yves Michaud, ajoutant : « Il s’agit a priori d’une avalanche de plaque, qui fait partie des risques objectifs de la montagne. »

Scénario. Le vent aurait amassé sur la pente raide de la neige en couche superficielle, qui aurait glissé sous le poids des alpinistes, peut-être sous le piolet de l’un d’eux, a précisé le magistrat, soulignant que « les conditions météo n’étaient pas défavorables ». L’enquête, menée par le PGHM et la brigade de recherches de la gendarmerie, « a vocation à confirmer » ce scénario, qui écarterait toute responsabilité humaine.

L’accident soulève la question récurrente de la surfréquentation des voies d’accès classique au mont Blanc sur lesquelles, chaque jour d’été, s’élancent plus de 300 personnes. « Il est regrettable qu’autant de cordées se soient ainsi concentrées sur ce secteur de forte pente. Mais de nuit tout est plus compliqué… »estimait vendredi, dans le Dauphiné libéré, Dominique Létang, le directeur de l’Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches.

Libération.fr - ELIANE PATRIARCA 13 juillet 2012


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