COSTA Concordia : négligences en série

La nuit du naufrage du Costa Concordia, les portes étanches du navire de croisière n’étaient pas fermées. C’est une expertise réalisée par l’association de consommateurs Codacons qui le démontrerait. Ce manquement aux plus élémentaires règles de navigation ressort aussi bien des témoignages des officiers de bord que des enregistrements de la boîte noire.

Ainsi, dans sa déposition du 27 janvier dernier, l’officier de navigation Simone Canessa a déclaré : "Nous avions l’habitude de laisser ouvertes certaines portes étanches durant la navigation pour faciliter les déplacements du personnel de bord." Et le jour du naufrage, ce n’est que quarante minutes après le choc contre l’écueil que l’ordre de fermer les portes étanches a été lancé. Une chronologie confirmée par le premier officier de bord, Giovanni Iaccarino. "Les portes 6, 7, 24 et les deux portes du local de buanderie étaient ouvertes, en vertu d’une dérogation du port de Gênes."

Une dérogation aujourd’hui au coeur de l’enquête. En effet, s’il est exact qu’en 2005 la société Costa avait demandé l’autorisation de naviguer avec certaines portes étanches ouvertes, les autorités maritimes de Gênes avaient refusé cette requête. Toutefois, la capitainerie avait ajouté : "Le commandant, s’il l’estime nécessaire, peut maintenir certaines portes étanches ouvertes durant la navigation à condition que ces ouvertures soient annotées sur le journal de bord." Nul doute que cette ambiguïté déchaînera des batailles entre avocats.

Boîte noire

Reste que l’ouverture des portes étanches, confirmée par les enregistrements de la boîte noire, a joué un rôle primordial dans la tragédie qui a coûté la vie à 32 personnes le 13 janvier 2012. Car l’eau a immédiatement envahi le local des générateurs électriques, provoquant, quelques minutes après l’impact, l’arrêt de la propulsion du navire. Les instruments de bord ont alors cessé de fonctionner. Les pompes de secours ne se sont pas mises en marche et les portes étanches qui étaient ouvertes ne se sont plus refermées. Le navire a commencé à gîter, alors que le timon ne répondait pas. Le géant des mers était livré à lui-même.

Mais l’enquête du Codacons a également révélé que le navire commandé par Francesco Schettino n’utilisait pas les cartes digitales du système Ecdis, les seules certifiées par l’organisme de contrôle Rina et qui auraient averti de la présence d’un écueil. Selon les experts de l’association de consommateurs, les cartes utilisées étaient à l’échelle 1/100 000, alors qu’il aurait fallu une carte au 1/2 000 pour signaler l’éperon rocheux au large de l’île du Giglio.

Enfin, selon le Corriere della Sera, le 10 janvier dernier, trois jours avant le drame, le Costa Concordia avait signalé une panne du VDR, le coeur de la "boîte noire" - avarie qui n’a pas empêché l’enregistrement des données du naufrage. Fixée au 14 janvier, la réparation ne fut jamais effectuée... pour cause de naufrage le 13 janvier.

LePoint.Fr - 6 août 2012 - Dominique DUNGLAS


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