A Epinal, les surirradiés suivent le procès à distance pour connaître la vérité

Trop faibles pour se déplacer au palais de justice de Paris, une vingtaine de victimes de surirradiations à l’hôpital d’Epinal dans les années 2000 se sont retrouvées lundi au tribunal de cette ville pour voir enfin, par écrans télé interposés, s’ouvrir le procès des responsables présumés de leurs tourments.

Je suis là pour connaître la vérité, pour savoir exactement ce que les médecins nous ont fait, parce qu’ils ne nous l’ont jamais vraiment dit, explique Jean-Robert Villaumé, l’une des 24 victimes les plus fortement surirradiées, à plus de 20%, en 2004.

Les victimes, parfois accompagnées de leurs proches, ainsi que plusieurs veuves de surirradiés veulent au moins pour voir le visage des médecins, insiste Claudine Rollin, 74 ans, dont le mari est mort il y a deux ans.

J’aurais voulu les voir en face, en vrai, mais aller à Paris, c’est trop de dépenses, poursuit-elle. On va voir si les médecins ne savaient rien, comme ils le prétendent. Et puis il y a encore beaucoup de zones d’ombre, des points incompréhensibles.

Une salle de réunion a été mise à disposition au sein du tribunal de grande instance d’Epinal, uniquement accessible aux parties civiles. L’intégralité du procès parisien sera retransmis en direct pendant six semaines, dans des conditions techniques plus ou moins satisfaisantes, selon une victime qui notait à l’ouverture des débats la piètre qualité du son.

C’est en tout cas important d’être là pour connaître les responsables et les raisons pour lesquelles on a été surirradiés : pour le reste de nos jours, on est lourdement handicapés, insiste André Huguenin, 80 ans, qui suivait un traitement de radiothérapie en 2004.

Psychologiquement toujours très compliqué

Je vais suivre le procès depuis Epinal, pas forcément tous les jours, mais quand les médecins devront s’expliquer, déclare l’octogénaire, qui raconte ses quatre années de calvaire, avec son intestin et son système urinaire totalement brûlés.

L’affaire des surirradiés d’Epinal est le plus grave accident de radiothérapie survenu en France. Près de 450 victimes ont été surexposées aux rayons entre 2001 et 2006.

Deux radiothérapeutes Jean-François Sztermer, 64 ans, Michel Aubertel, 62 ans et le radiophysicien Joshua Anah, 54 ans, sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires ainsi que non assistance à personne en danger. Seul ce dernier chef a été retenu contre la directrice de l’hôpital et l’établissement, comme personne morale, ainsi que de la directrice de la Ddass et du directeur de l’agence régionale d’hospitalisation (ARH) de Lorraine de l’époque.

Jean-Robert Villaumé, qui avait 54 ans lorsqu’il a reçu les surirradiations, évoque les séquelles, surtout dans la tête.

Notre suivi médical est important, mais notre état s’est à peu près stabilisé. En revanche, psychologiquement, c’est toujours très compliqué, assure-t-il.

Il attend notamment les explications de l’un des radiothérapeutes poursuivi, Michel Aubertel. Ce sera très dur parce que c’est un homme très froid, très particulier. Mais on ne va pas non plus les trucider. On attend simplement qu’ils disent la vérité, répète-t-il.

AFP - 24 septembre 2012


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