Netanyahu et Hollande à Toulouse pour un hommage aux victimes de Merah

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président français François Hollande rendent hommage jeudi à Toulouse aux victimes de Mohamed Merah, lors d’une cérémonie au collège-lycée Ohr Torah, où trois enfants et un enseignant juifs ont péri sous les balles du tueur au scooter.

Si les deux hommes ont abordé mercredi à Paris la question iranienne et la relance du processus de paix israélo-palestinien, ils viennent à Toulouse à la rencontre d’une communauté encore traumatisée, sept mois après le drame, et inquiète de voir les manifestations antisémites se multiplier.

L’avocat des familles des victimes de l’école Ozar Hatorah à Toulouse, Me Patrick Klugman, a d’ailleurs demandé jeudi sur France Inter la "création d’une enquête parlementaire sur l’affaire Merah" après de nouvelles révélations sur des dysfonctionnements de la police.

Cette visite conjointe est "un message très fort d’unité contre cette menace qui pèse sur toute l’humanité", salue la présidente en Midi-Pyrénées du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Nicole Yardeni.

Jusqu’au 19 mars 2012, date de l’attaque, les juifs de Toulouse n’imaginaient pas pouvoir être la cible d’un tueur se réclamant d’al-Qaïda. Depuis, le trouble ne s’est pas effacé. Benjamin Netanyahu est en campagne électorale mais les juifs de Toulouse voient dans sa visite celle d’un homme d’Etat rassurant et apaisant, soucieux de leur sécurité.

Mercredi à Paris, François Hollande a assuré qu’il allait tout mettre en oeuvre afin de "pourchasser, poursuivre, éradiquer" l’antisémitisme.

Benjamin Netanyahu a salué la détermination de Paris à lutter contre l’antisémitisme et appelé la communauté israélite française à s’installer en Israël.

La représentante du CRIF à Toulouse juge que M. Netanyahu "est dans son rôle d’exprimer cette position tout à fait classique, ayant pour mission de réunir les Juifs en Israël", avant de faire une mise au point : "L’avant-dernier des pires cauchemars d’un Juif, c’est qu’il soit obligé de quitter le pays dans lequel il vit car il a cessé d’être démocratique. Mais le pire cauchemar, c’est qu’il n’y ait plus Israël pour l’accueillir".

La cérémonie de Toulouse, prévue à 13h30, réunira des élèves, leurs parents, le personnel du collège-lycée Ozar Hatorah rebaptisé Ohr Torah après la tuerie, des responsables de la communauté juive de la ville, et des élus.

Le directeur de l’établissement, Yaacov Monsonego, dont la fille Myriam a été abattue par Merah, accueillera MM. Netanyahu et Hollande. Puis Eva Sandler, femme de l’enseignant Jonathan Sandler et mère de deux des enfants tués à Toulouse, livrera son témoignage aux invités, rassemblés dans le gymnase de l’école.

écurité exceptionnelle

Le Premier ministre de l’Etat hébreu s’entretiendra ensuite avec des représentants communautaires. C’est la première fois qu’un Premier ministre israélien se rend à Toulouse.

Lors des obsèques à Jerusalem des quatre victimes juives de Merah, M. Netanyahu avait promis de rendre visite à la communauté toulousaine, la quatrième de France avec 20.000 membres, dont de nombreux sépharades d’Afrique du Nord.

Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises. La circulation sur le périphérique toulousain devait être suspendue au passage des deux convois entre l’aéroport et le quartier de la Roseraie, où les rues voisines de l’établissement ont été vidées depuis mercredi de tout véhicule.

"Avec le Pape et le président des Etats-Unis, le Premier ministre israélien est certainement la personnalité la plus protégée lors de ses déplacements à l’étranger", selon un responsable policier.

Avant l’école juive, Mohamed Merah, Toulousain de 23 ans d’origine algérienne, a assassiné trois parachutistes les 11 et 15 mars à Toulouse et Montauban.

L’attentat contre l’établissement juif était-il évitable ? C’est une question récurrente que se posent les juifs toulousains. Notamment depuis que Libération a révélé mercredi que des policiers toulousains des services de renseignement avaient alerté leur hiérarchie, 4 jours avant l’attaque de l’école, d’une possible piste islamique en fournissant une liste de noms comprenant celui de Mohamed Merah.

Favorables ou opposés à la politique de Benjamin Netanyahu, deux manifestations distinctes ont rassemblé chacune 200 personnes à Paris mercredi soir. Pendant ce temps à Toulouse, une centaine de militants d’extrême gauche dénonçaient la politique de l’Etat hébreu en Palestine, mais n’avaient pas prévu de mobilisation jeudi, afin de ne pas interférer avec l’hommage aux victimes.

AFP - 01 novembre 2012


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