Les proches des otages du Niger décident de médiatiser leur combat

Inquiètes, les familles ont décidé de "rompre le silence" qui entoure la situation de leurs proches retenus au Sahel depuis deux ans.

Longtemps dans le silence "pour ne pas gêner les négociations", les proches des quatre otages français retenus au Sahel depuis deux ans, presque jour pour jour, ont choisi samedi de sortir de l’ombre pour médiatiser leur combat et faire revenir au plus vite les leurs. Familles, amis vêtus de tee-shirts floqués d’un "On ne vous oublie pas", ils étaient plusieurs dizaines réunis samedi au parc du Tronchet à Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine), ville où est domicilié l’otage Thierry Dol, pour planter un "arbre de la liberté" et répondre à l’appel lancé par les quatre otages dans une vidéo datée du 29 août, mise en ligne par un site d’information mauritanien.

"Ceux de l’autre côté, c’est à ceux-là que je m’adresse en premier", a lancé Mireille Blain, porte-parole des familles et amie de l’otage Pierre Legrand, enlevé le 16 septembre 2010 à Arlit, un site d’extraction d’uranium dans le nord du Niger, et détenu depuis au Sahel par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), en compagnie de Thierry Dol, Daniel Larribe et Marc Féret. Devant quatre cierges où étaient notés les noms des quatre Français, Mireille Blain a exigé "la "primauté de la vie humaine sur toute autre considération".

Cette prise de parole publique est inédite pour ces proches qui s’étaient astreints à rester "dans le silence pour ne pas gêner les négociations". "Deux ans, c’est trop long. Le silence n’a pas été utile, on passe à autre chose. On devait communiquer, ils (les otages) nous l’ont demandé", confie, émue, Pascale Robert, la mère de Pierre Legrand.

"Assez du silence"

"Ça bouscule notre quotidien, mais la vidéo a été un coup de pouce à notre volonté", souffle, tout aussi bouleversée, Marion Larribe, fille de Daniel et Françoise libérée en compagnie d’otages togolais et malgaches, le 24 février 2011. S’ils l’estiment nécessaire, le passage de l’ombre à la lumière est aussi douloureux pour ces anonymes, mère, enfant, grand-parent d’un otage, qui peinent à retenir leurs larmes à l’évocation de "ceux au-delà" comme ils les nomment avec pudeur.

Reçues jeudi à l’Élysée par François Hollande en présence du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, les familles ne doutent pas "du travail sur le terrain", mais regrettent le peu d’informations communiquées. Et derrière le "message aux otages" affleure un message à l’État et aux employeurs Areva et Satom pour accélérer la libération des leurs, en dépit des responsables "et peut-être des guerres d’ego", déclare René Robert, grand-père de Pierre Legrand. "Nous voulons du résultat, de la rapidité et de l’efficacité", martèle-t-il, avant de dénoncer les rumeurs sur le montant supposé d’une rançon.

Présent lors de la cérémonie aux côtés d’autres ex-otages comme Florence Aubenas et Jean-Louis Normandin, Hervé Ghesquière, grand reporter à France 3 détenu en Afghanistan pendant 547 jours, a tenu à rappeler l’importance de la médiatisation pour le moral des otages : "Maintenant, il faut parler. Il y en a assez du silence. Nous, au fond de notre trou, ça nous a aidés à tenir."


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