Naufrage du Sokalique : prison ferme requise

Jusqu’à 5 ans de prison ferme et une amende de 300.000 euros ont été requis jeudi contre les marins et l’armateur turc de l’Ocean Jasper qui avait abordé en 2007 au large du Finistère le caseyeur breton Sokalique, la veuve du marin ayant perdu la vie se disant "satisfaite".

Le procureur de la République de Brest, Bertrand Leclerc, a requis devant le tribunal correctionnel la peine maximale à l’encontre du capitaine du vraquier, Rafik Agaev, soit 5 ans, jugeant qu’il était le représentant légal de l’autorité à bord du navire, même si au moment de l’impact ce n’est pas lui qui était de quart et qu’il dormait.

A l’encontre de son second, Aziz Mirzoyev, censé être à la passerelle la nuit du drame, il a requis une peine de 4 ans d’emprisonnement, jugeant que sa responsabilité était moindre, dans une certaine mesure, mais qu’il avait fait preuve d’un "défaut de veille" manifeste.

Les deux hommes, de nationalité azerbaïdjanaise, "deux ombres noires", selon le procureur, sont jugés par contumace pour homicide involontaire, délit de fuite et omission de porter secours à personne en péril. Depuis mai 2011, ils sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

Le parquet a également requis à leur encontre une interdiction de commander des navires de commerce de plus de 500 tonneaux.

Une amende de 300.000 euros a été requise à l’encontre de l’armateur turc du vraquier, jugé pour les mêmes chefs que les deux autres prévenus, mais uniquement en tant que personne morale. Le procureur a cependant demandé la relaxe dans son cas pour le chef d’homicide involontaire et a souligné que le "seul hommage" qui pouvait lui être rendu était "d’être là", présent au procès.

Yvette Jobard, la veuve du patron du Sokalique décédé dans le naufrage, s’est dite "satisfaite", devant la presse, des réquisitions du parquet.

"Procès de l’impunité"

"Mon sentiment est que la justice a fait son travail, j’attends bien sûr maintenant le verdict final, mais les réquisitions du procureur sont à la hauteur du procès qu’on a eu", a-t-elle affirmé, les yeux rougis, assurant la gorge noué que ça avait "été très dur de revivre tout ça".

"Le Sokalique et Bernard Jobard auront peut-être fait évoluer toutes ces mentalités", a-t-elle déclaré, disant espérer "qu’on évitera peut-être au moins quelques naufrages" grâce à ce procès que les avocats des parties civiles ont qualifié de "procès de l’impunité" des cargos, chimiquiers, méthaniers et autres "monstres marins".

"Aujourd’hui, c’est aussi le procès de l’impunité de ces bateaux là", a affirmé au cours de sa plaidoirie maître Vincent Le Luyer, avocat des marins du Sokalique, avant d’énumérer une liste de 14 bateaux de pêche, coulés ou éperonnés ces dix dernières années par des cargos au large de la Bretagne.

"Ce sont des dangers publics de la mer", a enchaîné maître Gilbert Collard, avocat de Mme Jobard et de ses trois filles.

Dans la nuit du 16 au 17 août 2007, le caseyeur et le cargo turc étaient entrés en collision à 60 milles nautiques (110 km) au nord de l’île d’Ouessant, dans les eaux internationales et alors que les conditions météo étaient bonnes. Bernard Jobard, resté à la barre jusqu’au dernier moment pour alerter les secours, avait péri noyé, tandis que les six autres marins avaient pu se hisser à bord d’un canot de survie et être secourus.

L’Ocean Jasper avait poursuivi sa route, tout en constatant un trou de 60 par 40 cm à tribord, trou que l’équipage s’était empressé de réparer.

La Voix du Nord - 15 novembre 2012


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