Concordia : le traumatisme des victimes reste fort

Insomnies, dépressions, agoraphobie, perte de confiance en soi, culpabilité, terreur des transports, de l’eau… les séquelles sont variées.

Un an après le naufrage, les rescapés du Concordia présentent encore des traumatismes. Selon une étude menée par la psychologue Carole Damiani à la demande des avocats des familles des victimes françaises, 75% continuent de souffrir de troubles.

Sur les 462 Français présents sur le bateau, la psychologue, spécialisée dans les accidents de masse, a étudié les cas de 243 passagers adhérents au Collectif des naufragés français du Concordia en les soumettant à un questionnaire. Les symptômes, plus ou moins sévères, ont été recensés « pour tenter de mieux comprendre les conséquences du traumatisme », explique Me Bertrand Courtois. Pour constituer, aussi, une base de données servant au calcul du préjudice subi, appelé « préjudice d’angoisse ».

Cinq ou six couples ont explosé
Insomnies, dépressions, agoraphobie, perte de confiance en soi, culpabilité, terreur des transports, de l’eau… les traumatismes sont variés, avec des conséquences parfois handicapantes pour réintégrer son travail, sa vie sociale ou même sa vie familiale.

« Cinq ou six couples ont explosé », atteste Me Courtois. Des enfants qui étaient à bord peuvent aussi afficher un changement de comportement radical, comme ce garçon de 6 ans « soudain devenu agressif et violent à l’école », rapporte l’avocat. Certains passagers ont même fait l’objet de rapports individuels par des psychiatres.

D’autres, qui étaient en rémission de cancer, auraient rechuté après le choc émotionnel. « Il faut comprendre qu’ils se sont vus mourir, explique Me Courtois. Les PV montrent que la majorité ignorait être près des côtes. C’était la nuit et comme il n’y a pas eu d’annonce pour les informer, ceux qui étaient à babord, face au large, se croyaient en pleine mer ».

Aujourd’hui, la prise en charge psychologique n’a pas encore été effectuée pour tous. « Nicole Servel, qui a perdu son mari, n’a toujours pas eu son expertise psychologique et un couple qui demande depuis des mois la désignation d’un expert judiciaire pour une expertise psy ne l’a toujours pas obtenue, s’indigne Anne Decré, la présidente du Collectif des naufragés français du Concordia. Costa joue la montre en misant sur l’oubli sauf que le temps ronge les gens au contraire ».

Les psychologues, eux, apparaissent confiants sur l’atténuation des symptômes. « Pour la majorité, cela se dissipera avec le temps, a conclu Carole Damiani. Mais on sait d’expérience que pour 15% des victimes, cette situation est irréversible ».

Delphine de Mallevoüe, Le Figaro.fr-11 janvier 2013


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