Hommage des familles et des rescapés aux abords du « Concordia »

Il y a un an, le paquebot de croisière échouait au large de l’île Giglio en Italie.

« Je suis là pour rendre hommage à ma sœur. C’est très difficile pour nous. Quelque chose qui nous poursuivra toute notre vie », confie Madelein Soria, une Péruvienne de 25 ans qui a perdu sa sœur, serveuse sur le navire. Les familles de victimes du naufrage du Concordia ont jeté des fleurs à la mer aux abords de l’épave du paquebot, dimanche à l’île de Giglio où plusieurs cérémonies chargées d’émotion vont commémorer toute la journée le premier anniversaire de la tragédie du 13 janvier 2012.

Un ferry a emmené les familles des victimes vers le lieu où le navire a heurté un rocher. Elles ont pu se recueillir puis jeter leurs bouquets à la mer. A bord aussi, beaucoup d’officiels en tenue d’apparat ou de gardes de la protection civile et de pompiers en tenue de travail. Parmi eux, Gregorio de Falco, chef de la capitainerie du port de Livourne, qui fit figure de héros en ordonnant en termes peu châtiés au capitaine du Concordia, Francesco Schettino, de « retourner à bord » du navire qu’il avait abandonné. « Je ne veux pas parler de mon rôle dans le naufrage. Ce que je veux, c’est embrasser toutes les familles des victimes et tous ceux qui ont souffert », témoigne-t-il.

Auparavant, une grue postée sur un remorqueur a emporté le rocher pour le repositionnner à son endroit initial. Un geste symbolique pour « remettre les choses en place, pas pour oublier » mais « parce qu’il faut aller de l’avant », explique le maire, Sergio Ortelli.

« Regarder la mer me donne des frissons »

Des dizaines de rescapés ont également fait le voyage. « Nous sommes venus parce que nous voulions exprimer notre reconnaissance, parce que nous avons pu survivre », raconte Ronald Dots, venu avec sa femme Viviana et leur fils de 15 ans, Chiliens installés en Espagne. « Ça a été une nuit de douleur, nous avons dû consulter des psychologues, au début nous pleurions beaucoup. Dès que j’entendais une chanson italienne, je revenais à la nuit du naufrage. Regarder la mer, ça me donne des frissons », explique-t-il. Lui et sa famille ont décidé au dernier moment de venir et dorment dans leur voiture de location.

Un Français, Jacques Masson, est venu « témoigner [sa] solidarité avec les parents des victimes, notamment ceux de Mylène et Mickael [jeune couple de la banlieue parisienne, ndlr] qu’on connaît assez bien maintenant ». « Je pense qu’on a besoin d’être tous ensemble, on a vécu une catastrophe énorme », renchérit Danièle Dubuc, de Pau, qui n’arrive pas à retenir ses larmes.

Le Concordia, parti du port italien de Civitavecchia pour une croisière en Méditerrannée quelques heures avant la tragédie, transportait plus de 3 200 touristes de 60 nationalités différentes et plus d’un millier de membres d’équipage venus de 40 pays. Ce qui devait être un voyage d’agrément se transforma en cauchemar. Quelque 30 victimes ont été identifiées, mais les corps d’un membre d’équipage indien et d’une passagère italienne n’ont pas été retrouvés.

En fin de matinée, une messe devait être célébrée dans la petite église, en présence du ministre de l’Environnement, Corrado Clini, et du procureur de Grosseto qui dirige l’enquête sur le naufrage. Dans l’après-midi, une plaque de bronze avec le nom des victimes sera apposée sur un mur du Molo Rosso, caractérisé par le phare rouge à son entrée. Une autre rappellera la formidable solidarité des habitants du Giglio.

Le groupe Costa, propriétaire du Concordia, qui mettra ses drapeaux en berne, a organisé des cérémonies ou minutes de silence sur tous les paquebots du groupe, dans son siège italien de Gênes et en l’église de la Madeleine à Paris. A l’heure du naufrage, 20h45 GMT, après une minute de silence, les sirènes de tous les bateaux présents retentiront dans le port avant la mise à la mer de 32 lanternes lumineuses.

Les opérations menées par le consortium Titan-Micoperi pour préparer le renflouement de l’épave, ne s’interrompent pas, car le cahier des charges leur impose de travailler 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Mais « nous allons observer nous aussi une minute de silence », prévoit le responsable de la récupération du navire pour Titan, Nick Sloane : « Toutes nos pensées vont aux personnes touchées » par la tragédie.

AFP, 13 janvier 2012


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