Prise d’otages : l’opération de l’armée algérienne toujours en cours

IN AMENAS (Algérie) — L’opération des forces spéciales algériennes était en cours vendredi autour du complexe gazier où sont toujours retranchés des assaillants islamistes qui avaient pris en otages des dizaines d’étrangers.

La confusion continuait de régner entretemps sur le bilan de l’assaut algérien lancé jeudi contre les assaillants, les capitales occidentales et asiatiques se disant inquiètes pour leurs ressortissants enlevés par un groupe lié à Al-Qaïda en représailles à l’intervention militaire française au Mali.

Outre les centaines de travailleurs algériens, des Américains, des Britanniques, des Japonais, des Français, un Irlandais, des Norvégiens et des Philippins figuraient parmi les otages.

L’armée cernait en journée le complexe gazier d’In Aménas, à 1.300 km au sud-est d’Alger non loin de la frontière libyenne, où "un groupe terroriste est encore retranché", a dit à l’AFP une source sécuritaire algérienne, expliquant qu’il était "difficile de parler alors que l’opération est en cours".

Un photographe de l’AFP sur place a vu un hélicoptère militaire survoler le secteur. Un barrage de la gendarmerie érigé à 3 km au nord de la base empêche tout accès au site.

Selon les autorités algériennes, l’assaut a été donné pour empêcher les ravisseurs de fuir vers un pays limitrophe avec leurs otages.

Mais le porte-parole des ravisseurs, se présentant comme les "Signataires par le sang" de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar destitué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a menacé de mener "davantage d’opérations", selon l’agence mauritanienne ANI.

"Tout en tenant compte des souffrances du peuple algérien, nous promettons au régime en place plus d’opérations", a-t-il dit.

La source de sécurité algérienne a parlé de 18 morts parmi la trentaine de ravisseurs dans l’assaut jeudi. Les autorités algériennes ont fait état de "quelques morts" parmi les otages sans donner de bilan.

Le Premier ministre britannique David Cameron a affirmé que "moins de 30" Britanniques étaient encore "en danger" jeudi soir.

La France a confirmé le décès de "plusieurs otages" sans plus, et le retour sains et saufs de deux Français.

Evacuations

Après l’assaut, le groupe pétrolier britannique BP -exploitant du site avec le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach- a annoncé que trois vols avaient quitté l’Algérie jeudi avec onze employés et "plusieurs centaines" de salariés d’autres entreprises. Un quatrième vol est prévu vendredi.

Un avion américain a atterri dans le Sahara algérien pour évacuer ses ressortissants, selon la télévision privée algérienne Ennahar.

"Cela tirait beaucoup par séquences", a témoigné un ressortissant français, rescapé de la prise d’otages. "Il y a des terroristes qui sont morts, des expatriés, des locaux", a dit sur Europe 1 Alexandre Berceaux, expliquant être resté caché pendant presque 40 heures sous un lit.

"J’avais un peu de nourriture, un peu à boire, je ne savais pas combien de temps cela allait durer", a-t-il ajouté, pensant avoir été sauvé par les soldats.

Un Britannique et un Algérien avaient été tués au début de l’attaque islamiste mercredi.

Et au premier jour de l’assaut au cours duquel l’armée a tiré sur un convoi de cinq véhicules transportant ravisseurs et otages, ces derniers étaient bardés d’explosifs, selon un ministre irlandais citant un rescapé.

L’opération a soulevé des questions à Tokyo, Londres, Oslo et Washington qui ont dit regretter ne pas avoir été mis au courant des intentions algériennes.

Le Japon a demandé de "cesser immédiatement" l’opération alors que le sort de 14 Japonais restait incertain.

Selon l’agence algérienne APS, l’assaut a permis selon APS la libération de 600 Algériens ainsi que d’un Français, de deux Britanniques et d’un Kenyan.

Un porte-parole des islamistes, cité par l’agence mauritanienne ANI, avait déclaré que l’opération avait coûté la vie à 34 otages.

Ce bilan a été qualifié de "fantaisiste" par la source sécuritaire algérienne.

L’Algérie s’est trouvée entraînée malgré elle dans le conflit malien avec cette prise d’otages, les ravisseurs ayant dénoncé le soutien logistique algérien aux militaires français.

L’armée malienne a affirmé vendredi avoir repris "le contrôle total" de la localité de Konna (centre), dont la chute le 10 janvier aux mains de combattants islamistes avait précipité l’intervention française.

AFP - 18 janvier 2013

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