Toulouse, une mère et un ministre se replongent dans le souvenir des crimes de Merah

Toulouse s’est replongée lundi un an après dans le souvenir des crimes de Mohamed Merah, personnifié par le visage de sa première victime, le parachutiste Imad Ibn Ziaten, et le chagrin de sa mère Latifa.

L’Etat français et Toulouse ont ouvert une semaine de commémorations en honorant la mémoire du maréchal des logis-chef Imad Ibn Ziaten, assassiné le 11 mars 2012 à l’âge de 30 ans.

Sa mère bouleversée a surmonté un immense chagrin pour dévoiler avec l’aide du maire Pierre Cohen une plaque au nom de son enfant sur les lieux du crime dans les faubourgs toulousains ; puis elle a reçu des mains du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian la Légion d’honneur décernée à titre posthume à son fils, au cours d’une seconde cérémonie sur la base aérienne de Francazal à laquelle il était affecté.

"Ici le 11 mars 2012 a été lâchement assassiné l’adjudant Imad Ibn Ziaten, mort pour le service de la nation", est-il inscrit désormais dans la pierre sous un pin à l’entrée d’un complexe sportif, non loin du périphérique.

C’est là que Merah avait donné rendez-vous à sa première victime sous prétexte de lui acheter sa moto. C’est là aussi qu’Imad Ibn Ziaten, soldat au 1er régiment du train parachutiste (1er RTP), a refusé de se coucher devant son tueur et a préféré mourir debout.

Hollande attendu à Toulouse

Latifa Ibn Ziaten, appelée à prendre la parole malgré la douleur, n’a pu prononcer que quelques mots malgré le soutien de toute sa famille présente : "Aujourd’hui c’est un grand honneur pour mon fils et sa mémoire". Puis la voix de cette petite dame très digne, la tête couverte depuis qu’elle porte le deuil de son fils, s’est brisée.

Son fils fut la première des sept victimes tombées à Toulouse et Montauban sous les balles de Mohamed Merah, petit délinquant récidiviste des cités toulousaines devenu assassin au nom du jihad.

Merah a abattu avec le même sang-froid et filmé les assassinats de deux autres parachutistes, Abel Chennouf et Mohamed Legouade, le 15 mars à Montauban, puis de Jonathan Sandler, ses deux fils et une fillette de l’école juive Ozar Hatorah le 19 mars à Toulouse. Il a été tué par le Raid le 22 mars 2012.

Toulouse et Montauban vivront ces prochains jours dans le souvenir de cette semaine d’effroi. Abel Chennouf et Mohamed Legouade doivent être honorés à leur tour à Montauban vendredi. Une marche blanche est prévue dimanche à la mémoire des sept victimes. Le président François Hollande devrait participer à l’évènement.

Car, ont voulu faire entendre aussi bien le maire de Toulouse que le ministre de la Défense, ce ne sont pas des soldats ou des juifs qu’a attaqués Merah, mais la République et ses valeurs.

Un régiment comme une famille

Avec Merah, la France a été brutalement confrontée à une nouvelle menace de l’intérieur. Le propos du ministre Manuel Valls selon lequel il y a en France "plusieurs dizaines de Merah potentiels" s’est trouvé conforté lundi quand le procureur de Paris François Molins a indiqué que trois hommes interpellés en fin de semaine dans le Sud-Est s’entraînaient à fabriquer des explosifs "sur fond d’une radicalisation jihadiste, d’une glorification de Mohamed Merah et finalement d’une volonté affirmée de passer à l’acte".

Sur la vaste esplanade autour de laquelle se tenaient les compagnons d’armes d’Imad Ibn Ziaten, le ministre de la Défense a évoqué la dimension plus intime des crimes de Merah. "La mort fait partie de l’horizon de nos soldats. Ils savent la regarder en face, elle donne du sens aussi à leur engagement. Mais cette mort que vos camarades ont trouvée, ils n’étaient pas préparés à sa lâcheté", a dit le ministre avant d’étreindre longuement Latifa Ibn Ziaten.

Latifa Ibn Ziaten, devenue l’un des visages et l’une des voix de la tragédie Merah, s’est dite à la fois "triste" et "fière".

"Mon fils me disait toujours qu’il avait une deuxième famille, et cette famille, elle est ici", a-t-elle dit en évoquant le 1er RTP. "C’était la famille de mon fils, c’est ma famille à moi aujourd’hui".

L’enquête sur les crimes de Merah se poursuit quant à elle. Seul son frère Abdelkader est mis en examen à ce jour pour complicité. Un juge examinera mercredi la prolongation de sa détention provisoire, comme la justice est tenue de le faire au bout d’un an.

AFP - 11 mars 2013


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