Condamné pour terrorisme, l’islamiste algérien Saïd Arif est en fuite

Assigné à résidence en Haute-Loire, celui que le ministère français de l’Intérieur qualifiait dès 2004 de "djihadiste aguerri" a disparu, vraisemblablement à bord d’une voiture volée. En 2012, Saïd Arif avait déjà fui vers la Suède.

Un militant islamiste de nationalité algérienne, Saïd Arif, assigné à résidence depuis octobre 2012 à Brioude (Haute-Loire), a pris la fuite vraisemblablement samedi soir à bord d’une voiture volée, a-t-on appris dimanche auprès du procureur au Puy-en-Velay, Jacques Louvier.

C’est le fils du gérant de l’hôtel de Brioude où réside l’homme —condamné en 2007 à 10 ans de prison pour terrorisme—, qui a donné l’alerte dimanche, ne le voyant pas apparaître au petit déjeuner, a précisé le procureur.

La voiture de la belle-fille du gérant de l’hôtel a été volée et Saïd Arif ne s’est pas présenté à la gendarmerie à 09H00 ce dimanche comme il y est astreint chaque jour. Un plan Milan a été déclenché pour le retrouver, et "il a également été procédé à une diffusion nationale urgente de la fiche de l’intéressé", ajoute le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Saïd Arif devait se signaler quatre fois par jour entre 9H00 et 19h00, sept jours sur sept, a précisé à l’AFP une source policière.

Le procureur a saisi le SRPJ de Clermont-Ferrand : "Le fait de violer un arrêté de cette nature (d’assignation à résidence, ndlr) est une infraction pénale passible de 3 ans emprisonnement", a rappelé M. Louvier à l’AFP. Saïd Arif a déjà été condamné pour la violation d’un arrêté similaire et condamné en 2012 par le tribunal correctionnel de Rodez à 6 mois de prison, après avoir fui en Suède.

"Il est donc en état de récidive", a ajouté le procureur. Ce dernier estime qu’il a sûrement pris la fuite samedi soir puisque son lit à l’hôtel n’était pas défait, notamment.

Avant son procès de 2007, Saïd Arif avait été mis en examen et écroué en 2004 pour "appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" par le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière, dans le dossier des filières de recrutement de combattants en Tchétchénie.

Ce "djihadiste aguerri", comme l’avait qualifié le ministère de l’Intérieur en 2004, avait été poursuivi avec d’autres islamistes pour avoir projeté des attentats en France en 2001-2002, sur la Tour Eiffel notamment.

Après sa libération en décembre 2011, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait suspendu son expulsion en demandant à la France de ne pas le renvoyer en Algérie. Par ailleurs, le parquet a ouvert à l’encontre du militant islamiste une enquête en avril pour apologie de crime terroriste.

Confiée au SRPJ de Clermont-Ferrand, elle fait suite à des déclarations à un hebdomadaire catholique de la Haute-Loire, "Renouveau", le 21 mars. Il y déclarait que "les attentats suicide ayant une dimension économique sont le meilleur moyen de lutte pour les islamistes", avant d’ajouter : "Avec une voiture piégée, vous tuez 150 à 200 personnes." Dans cette affaire, il devait être entendu mardi par la police judiciaire, précise le ministère de l’Intérieur.

Lors d’un déplacement dans les Yvelines sur la sécurité routière, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a estimé que Saïd Arif était "incontestablement un individu dangereux". "Il avait tenu des propos inacceptables à un organe de presse. Tout est fait pour le retrouver", a-t-il ajouté.

Né le 5 décembre 1965 à Oran, Saïd Arif, lieutenant déserteur de l’armée algérienne, s’est notamment rendu par le passé en Afghanistan où il a été formé dans les camps d’entraînement d’Al-Qaïda.

Dans un communiqué, le député UMP de l’Yonne Guillaume Larrivé a estimé qu’"à l’évidence, cet individu n’aurait pas dû être simplement assigné à résidence dans un hôtel, mais enfermé dans un centre de rétention administrative (CRA)".

Il accuse "les députés Ayrault, Valls et Taubira" d’avoir, en juin 2011, fait limiter par le Conseil constitutionnel à six mois la période pendant laquelle "un étranger faisant l’objet d’une mesure d’expulsion à la suite d’une condamnation liée à des activités terroristes et ne pouvant jusqu’alors être expulsé" peut être enfermé dans un CRA.

AFP, 12/05/2013

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