Incendie mortel dans une usine squattée par des Roms à Lyon

Trois personnes, deux femmes et un enfant, sont mortes lundi 13 mai dans l’incendie d’une usine désaffectée qui était squattée par environ 150 à 300 Roms à Lyon, selon un bilan provisoire établi par les pompiers et la Préfecture. L’incendie, qui s’est déclaré vers minuit, a totalement embrasé le bâtiment d’environ 150 m² situé dans le 8e arrondissement de Lyon. Le sinistre pourrait avoir fait six ou sept morts au total, selon les pompiers. Les rescapés ont été évacués dans le gymnase d’une école.

"L’incendie a été très violent, un bâtiment entier était embrasé à notre arrivée", indique le commandant Christophe Serre, officier au service départemental d’incendie et de secours du Rhône, qui affirme que les conditions d’intervention sont périlleuses : "Des planchers menacent de s’effondrer, on cherche à progresser mais l’accès est très difficile." Les secours attendaient lundi matin des renforts, dont des équipes cynophiles, pour fouiller le bâtiment qui menace de s’écrouler, selon les pompiers.

Aucun élément ne permet pour l’instant de déterminer les causes de l’incendie, selon Marc Cimamonti, procureur de la République de Lyon, pour qui toutes les hypothèses restent ouvertes. "Nous n’avons pas pu accéder aux lieux pour des problèmes de sécurité, les investigations devraient commencer en milieu de journée", dit-il. Le magistrat a également annoncé l’ouverture d’une enquête, confiée à la direction interrégionale de la police judiciaire de Lyon.

D’après les associations lyonnaises de défense des Roms, ces derniers occupaient le bâtiment, où ils avaient aménagé une chambre par famille, depuis octobre 2012, après avoir été expulsés d’un autre terrain. "C’est le douzième incendie d’une habitation Rom depuis le début de l’année, résultat d’une politique imbécile du gouvernement qui consiste à chasser sans fin" ces populations, s’indigne Laurent el-Ghozi, fondateur du collectif Romeurope. Lui n’exclut pas l’hypothèse d’un acte criminel. "Il n’y a aucune raison pour que ça ne se reproduise pas", ajoute-t-il.

NOMBREUX CAMPEMENTS

Les Roms de la région lyonnaise, environ un millier selon les associations, sont l’objet de mouvements récents d’expulsions. "Cette usine accueillait les Roms qui étaient expulsés d’ailleurs et qui n’avaient pas d’autre choix, déplore Marc Uhry, directeur régional de la fondation Abbé Pierre. Lyon détient le triste record des expulsions en France. D’ailleurs, aucune des familles qui vivaient dans ce squat n’était ciblée par le dispositif de relogement Andatu."

Selon Gilberte Renard, militante de la Ligue des droits de l’homme, près de 300 Roms dont des enfants en bas âge et des femmes enceintes occupaient ce bâtiment. Les associations dénoncent la non-application de la circulaire du 26 août 2012, censée encadrer les expulsions de Roms. "La préfecture était au courant de la dangerosité des lieux", affirme un militant local du Mrap.

Il y a deux mois, une personne est morte dans l’effondrement d’un bâtiment voisin de celui qui a pris feu lundi matin. A Lyon, la sécurité de l’hébergement des populations démunies est un problème particulier, compte tenu des nombreux campements de Roms qui se déplacent dans l’agglomération. Le 30 décembre 2012, un violent incendie avait ravagé le foyer Saint-Irénée, appartenant à une congrégation religieuse, sur la colline de Fourvière.

Le Monde, 13.05.2013

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