La Compagnie parisienne de chauffage urbain jugée pour un accident mortel

Près de 13 ans après un accident qui avait fait quatre morts et dix blessés, la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) comparaissait mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour homicides et blessures involontaires.

Le 15 novembre 2000, dans une galerie à 25 mètres sous terre porte de Clignancourt (XVIIIe arrondissement), les victimes avaient été brûlées par un dégagement de vapeur sous pression, dont la température était montée à 95 degrés.

Les victimes, des salariés de la CPCU, procédaient à la mise en vapeur d’une nouvelle canalisation, prévue dans le cadre d’importants travaux sur un tronçon du réseau de chauffage qui serpente sur une longueur totale de 420 km dans le sous-sol de la capitale.

Le geyser de vapeur, empêchant toute visibilité, avait piégé les salariés qui se trouvaient là, avec une pression telle qu’un panache s’était élevé à plusieurs mètres au-dessus du restaurant universitaire situé tout près.

Il est reproché à la CPCU de n’avoir pas respecté ses obligations en matière de ventilation, d’évacuation et de verrouillage des vannes, ainsi qu’aux moyens de formation et de protection mis à la disposition des salariés, comme le port d’une tenue de feu.

« Les règles de sécurité ont été sacrifiées », l’emploi du temps était surchargé, avait indiqué aux enquêteurs un salarié, cité par le tribunal.

L’enquête a permis d’établir que le dégagement de vapeur était la conséquence directe de l’ouverture par des techniciens de certaines vannes de purge, une opération « complètement hors programme » qu’ils n’avaient pas à effectuer, a déclaré le directeur général de la société, Frank Demaille.

Debout devant un rétroprojecteur, le dirigeant a longuement expliqué aux juges le fonctionnement du tableau de commandes, dont la fiabilité est contestée par l’accusation, et celui des vannes.

Trois responsables de la CPCU avaient été mis en examen mais ont bénéficié d’un non-lieu au terme de l’instruction, qui a considéré que seule la responsabilité pénale de la société pouvait être engagée.

Les victimes et leurs proches ayant été indemnisés par la société, seuls des syndicats, dont la CGT et Sud, sont encore parties civiles à l’audience.

Après l’accident, les salariés de la CPCU s’étaient mis en grève et avaient manifesté pour demander une amélioration des conditions de travail.

Le procès doit durer jusqu’au 31 mai.

AFP, 15 mai 2013

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