San Francisco : ce que l’on sait sur le crash du Boeing 777 d’Asiana Airlines

Un Boeing 777 de la compagnie sud-coréenne Asiana Airlines en provenance de Séoul a raté son atterrissage et pris feu à l’aéroport de San Francisco, samedi 6 juillet. Selon les derniers éléments connus, une erreur humaine pourrait être à l’origine du drame. Le pilote, un professionnel chevronné sur d’autres appareils, était encore en cours de formation sur ce modèle. Ce samedi, le Boeing 777 qu’il pilotait était trop bas et trop lent lorsqu’il s’est présenté en bout de piste.

Que s’est-il passé exactement ?

Le Boeing 777 a raté son atterrissage à l’aéroport international de San Francisco (Californie), samedi 6 juillet, vers 18h30 GMT. Selon Xu Da, un passager chinois, l’avion volait à basse altitude : "J’ai remarqué que l’avion volait assez bas au moment d’atterrir. Il se préparait à toucher le sol quand l’avion a subitement accéléré et le nez a commencé à monter", a raconté ce rescapé à la télévision d’Etat CCTV. C’est également ce qu’on peut voir sur cette vidéo, tournée par un amateur et diffusée ce lundi matin par la chaîne CNN.

L’appareil a alors heurté les digues qui séparent l’aéroport des plans d’eau voisins, sur la baie de San Francisco. La queue de l’avion a touché le sol et l’appareil a quitté la piste. Un survivant du crash a fourni un témoignage concordant, affirmant que plusieurs membres de l’équipage à l’arrière de l’appareil avaient été projetés dans le vide au moment de l’impact.

Aussitôt après le crash, un incendie s’est déclaré, avant d’être maîtrisé par les pompiers. Une moitié de la cabine a brûlé. Les télévisions ont montré en boucle les images impressionnantes de l’avion, entouré de débris, la queue séparée du reste de l’appareil et toute la partie avant du toit manquante.

Quelles sont les causes de l’accident ?

Les raisons de l’accident restent inconnues mais les enquêteurs semblent s’orienter vers une erreur humaine pour l’expliquer. La présidente de l’Agence américaine de sécurité des transports (NTSB), Deborah Hersman, a précisé que le pilote avait demandé l’autorisation de ne pas atterrir et de reprendre de l’altitude, un peu plus d’une seconde avant l’impact. L’avion était donc trop lent, trop bas, à l’approche de la piste. "Les moteurs ont répondu normalement" à l’action du pilote, selon elle, mais trop tard pour éviter le crash. La demande des pilotes serait intervenue beaucoup trop tard d’après plusieurs analystes cités par les médias américains.

La compagnie Asiana Airlines a, de son côté, affirmé que ce n’était "pas un problème mécanique". "D’après ce que nous savons, il n’y a pas (eu) de problème de moteur" avant le crash, a expliqué son PDG Yoon Young-Doo, ajoutant que les pilotes étaient des navigateurs chevronnés avec quelque 10 000 heures de vol chacun. Une affirmation nuancée par la suite : certes le pilote Lee Kang-Kuk, 46 ans, affichait plus 9000 heures de vol au total... mais seulement 43 heures sur le Boeing 777. Toujours en cours de formation, il était sous la supervision d’un formateur chevronné qui faisait office de co-pilote, selon Asiana Airlines.

L’agent du FBI David Johnson a par ailleurs affirmé à la presse qu’il n’y a "aucune indication d’un quelconque acte terroriste ou criminel lié à l’accident".

Combien y a-t-il de victimes ?

Au moins deux personnes sont mortes. Quant aux blessés, il y en aurait 182 parmi les 307 passagers et membres d’équipage, selon le dernier bilan des pompiers. "Les deux victimes étaient de nationalité chinoise, nées en 1997 et 1996", a déclaré Yoon Young-Doo. Il a précisé qu’elles se trouvaient à l’arrière de l’appareil. Un responsable du ministère sud-coréen des Transports a confirmé que les victimes étaient deux adolescentes chinoises. Il s’agirait de deux adolescentes chinoises, âgées de 16 et 17 ans, selon les médias chinois.

L’une des deux jeunes filles pourrait avoir été écrasée par un camion des pompiers de l’aéroport peu après le crash, selon le responsable des pompiers de San Francisco, Joanne Hayes-White.

"C’est incroyable, et nous sommes très chanceux d’avoir autant de survivants", a déclaré Ed Lee, maire de San Francisco, lors d’une conférence de presse. "Mais il y a encore beaucoup de blessés graves", a-t-il ajouté. Selon le chef-adjoint des pompiers, Dale Carnes, 49 blessés "sont dans un état sérieux et ils ont été les premiers à avoir été évacués" vers les hôpitaux voisins, notamment le San Francisco General Hospital. Ce dernier a accueilli 52 patients, dont au moins deux enfants. Samedi soir, cinq patients de l’hôpital étaient toujours dans un état "critique", selon la porte-parole de l’établissement, Rachel Kagan. L’hôpital de Stanford a accueilli pour sa part 45 patients, souffrant notamment de "fractures" et d’"hémorragies", selon son porte-parole.

Cette compagnie est-elle sûre ?

La compagnie Asiana Airlines est le deuxième transporteur aérien de Corée du Sud derrière Korean Air, avec une excellente réputation de sécurité. Créée en 1988, Asiana fait partie du groupe Kumho Asiana, un conglomérat diversifié basé à Séoul. Elle possède une flotte de 79 appareils — dont 11 cargos — qui desservent près de 80 aéroports dans 23 pays. Longtemps concentrée sur les dessertes régionales en Asie, Asiana développe depuis une dizaine d’année son offre intercontinentale pour contrecarrer la concurrence de Korean Air et des compagnies low-cost. Asiana a commandé à cet effet en 2011 six super-jumbos A380 d’Airbus pour 1,8 milliard de dollars, livrables entre 2014 et 2017.

Asiana, membre de Star Alliance depuis 2003, emploie 9.000 personnes. Elle a transporté 15,9 millions de passagers en 2012. La compagnie a généré l’an dernier un chiffre d’affaires de 5.800 milliards de wons (3,9 milliards d’euros) pour un bénéfice net de 62,5 milliards de wons. Le crash de San Francisco est le second accident enregistré par Asiana ces deux dernières années et le premier pour un vol commercial de passagers en vingt ans. Asiana Airlines était créditée dimanche après l’accident d’une note de 6 sur 7 pour la sécurité sur le site airlineratings.com.

Les accidents de Boeing sont-ils fréquents ?

Le Boeing 777 est l’un des gros-porteurs les plus populaires auprès des compagnies aériennes pour les voyages long-courriers intercontinentaux de plus de 12 heures. Le crash du vol 214 Séoul-San Francisco est le deuxième de l’histoire de cet appareil, mis en service il y a 18 ans. Le premier accident d’un 777 remonte à 2008 : l’appareil, de la compagnie British Airways, s’était écrasé juste avant d’atteindre la piste d’atterrissage de l’aéroport d’Heathrow, faisant 47 blessés mais pas de morts. "Le 777 a un record de sécurité fantastique", indique Tom Haueter, un ancient de la National Transportation Safety Board, au Washington Post.

REUTERS, Jed Jacobsohn - 08 juillet 2013


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