Accident de train au Canada : une mauvaise manoeuvre incriminée

La catastrophe de Lac-Mégantic, qui a fait au moins 15 morts et 45 disparus, est due à une mauvaise manœuvre du conducteur de la compagnie ferroviaire américaine propriétaire du « train-fantôme », a reconnu mercredi le PDG de la société incriminée.

Président de la maison-mère de la The Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA), Edward Burkhardt, s’est finalement rendu dans la bourgade québécoise, cinq jours après l’accident, le pire accident au Canada en 15 ans.

Les autorités locales ont refusé de lui permettre de se rendre dans le centre-ville dévasté, a-t-il dit, et c’est sous les quolibets des habitants qu’il a tenu une conférence de presse attendue.

« Les freins manuels (mécaniques) n’ont pas été appliqués de façon adéquate sur ce train et il était de la responsabilité de l’employé de le faire », a-t-il reconnu, après avoir rejeté toute responsabilité ces derniers jours.

Avant d’exploser dans la nuit de vendredi à samedi en arrivant dans la rue principale de ce village touristique, le convoi de 72 wagons-citernes, transportant chacun 100 tonnes de pétrole brute, avait été arrêté à une dizaine de kilomètres au nord-ouest le temps que les conducteurs se relaient.

Or, a reconnu M. Burkhardt, il n’est pas clair si le conducteur qui avait immobilisé le train en attendant son remplaçant avait bien actionné l’ensemble des freins manuels. « Il nous a dit qu’il l’avait fait », a dit le PDG, mais « notre sentiment est que ce n’est pas vrai ».

« Dans les faits, je pense qu’ils ne l’étaient pas parce que sinon nous n’aurions pas eu d’incident », a-t-il admis.

L’employé en question a été suspendu sans solde et pourrait être formellement accusé, a-t-il indiqué.

« Cet homme s’intéresse juste à son argent »

Alors que le débat enfle au Canada sur l’augmentation exponentielle des « trains de pétrole » ces dernières années, M. Burkhardt a affirmé que son entreprise, présentée par les médias locaux comme une société « low-cost », respectait la réglementation.

« Est-ce que les règles de l’industrie étaient adéquates ? Je ne pense pas », a-t-il lancé.

Pressé de questions sur les actions que compte prendre MMA pour venir en aide à la petite municipalité, il est resté vague, assurant vouloir « entamer un dialogue » pour connaître les besoins de la population, tout en prenant garde de ne pas s’avancer sur les sommes que MMA pourrait débourser.

Venue assister à son discours, Alyssia Bolduc, étudiante qui a perdu un cousin dans la tragédie, peinait à trouver ses mots pour décrire « la colère » qu’elle ressentait à l’égard du patron de MMA. « Cet homme s’intéresse juste à son argent », a-t-elle dit, émue.

Plus virulent, un homme, la quarantaine, s’époumonait de rage devant les policiers qui barraient l’accès à la conférence de presse : « Assassin, pourquoi t’as peur de nous ... On n’a pas d’armes, on n’est pas des Américains, on est civilisés ! ».

De son côté, la Première ministre québécoise a par ailleurs annoncé que le drapeau à fleur de lys bleu et blanc de la province francophone sera en berne sur tous les édifices publics de la province à compter de jeudi, et ce pour une semaine.

Elle a également débloqué une aide immédiate de 60 millions de dollars canadiens pour la petite municipalité de 6.000 habitants.

« Jamais un tel événement n’aurait dû se produire », a martelé la dirigeante indépendantiste, notant que « les questions sont nombreuses et toutes les réponses devront nous être données ».

Le bilan a par ailleurs été revu à la hausse par la police : 60 disparus (contre 50 mardi), dont 15 corps déjà retrouvés.

AFP - 11 juillet 2013


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