Attentat de Boston : Tsarnaev plaide non coupable

Trois mois après le double attentat de Boston aux Etats-Unis, son auteur présumé Djokhar Tsarnaev était confronté, mercredi 10 juillet, à certaines de ses victimes, à l’occasion de sa première comparution devant un juge. Devant le tribunal fédéral de Boston, l’adolescent d’origine tchétchène a plaidé "non coupable".

Djokhar Tsarnaev, 19 ans, en tenue de prisonnier orange, pieds et mains entravés, tignasse toujours aussi indisciplinée, a répété à plusieurs reprises "non coupable" d’une voix grave alors qu’on lui lisait les chefs d’accusation retenus contre lui. La salle d’audience était comble, remplie de familles des victimes du double attentat qui avait frappé le marathon de Boston, le 15 avril.

Des trente chefs d’accusation retenus contre lui, dont "l’utilisation d’une arme de destruction massive ayant causé la mort" et "attentat dans un lieu public ayant causé la mort", dix-sept sont passibles de la peine de mort ou de la réclusion à perpétuité. Mais son procès n’est pas attendu avant de longs mois. La décision de requérir ou non la peine de mort appartiendra au ministre de la justice, quelques mois avant.

"Vous nous faites du mal à tous"

L’attentat avait fait trois morts et 264 blessés, transformant en carnage une traditionnelle journée de fête. Une quinzaine de victimes ont dû être amputées, d’une ou des deux jambes.

Djokhar Tsarnaev, naturalisé Américain l’an dernier, est accusé d’avoir préparé et déclenché, avec son frère aîné Tamerlan, les deux bombes artisanales placées dans des Cocotte-Minute. Mais il sera seul devant la juge Marianne Bowler : Tamerlan, 26 ans, le plus radical des deux, qui semblait exercer une forte influence sur son cadet, a été tué lors d’une confrontation avec la police le 18 avril.

A l’issue d’une vaste chasse à l’homme, Djokhar avait été arrêté le lendemain, grièvement blessé. Caché dans un bateau entreposé dans un jardin de Watertown, dans la banlieue de Boston, il n’était pas armé. Il avait peu avant écrit sur une paroi intérieure du bateau les raisons de son acte :

"Le gouvernement américain tue nos civils innocents. Je ne peux pas supporter de voir ce mal rester impuni. Nous, musulmans, sommes un seul corps, vous faites du mal à l’un de nous, vous nous faites du mal à tous. (...) Je n’aime pas tuer des civils innocents. L’islam l’interdit (...) mais arrêtez de tuer nos innocents et nous arrêterons."

Ballotté

Arrivé à Boston à l’âge de 8 ans avec sa famille en provenance du Daghestan, cet étudiant qui vivait sur le campus de l’université du Massachusetts, à Dartmouth, était considéré comme bien intégré. Il avait des amis, fréquentait la salle de sport du campus, aimait s’amuser. Mais il était profondément marqué par son histoire familiale, ballotté, enfant, du Caucase du Nord au Kirghizstan, avant d’immigrer aux Etats-Unis en 2002.

Ses parents étaient depuis repartis vivre au Daghestan, dont sa mère Zoubeïdat est originaire. Tamerlan, devenu très religieux ces dernières années, avait passé cinq mois l’an dernier dans ce pays, miné depuis des années par une rébellion islamiste armée.

Les deux frères, qui semblent avoir agi seuls, avaient préparé leurs bombes artisanales en se servant des instructions du magazine en ligne Inspire, une publication d’Al-Qaida, selon l’acte d’accusation. Ils regardaient aussi sur Internet les prêches de l’islamiste radical américain d’ascendance yéménite Anwar Al-Aulaqi, membre d’Al-Qaida tué en septembre 2011 par un drone américain, et Djokhar avait téléchargé plusieurs documents appelant au djihad.

AFP et Lemonde.fr - 10 juillet 2013


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