Chute mortelle d’une hôtesse : le respect des procédure au coeur des débats

CRÉTEIL — Le respect des procédures de sécurité a été au coeur des débats mardi devant le tribunal correctionnel de Créteil qui juge Air France et un ex-salarié de la compagnie pour homicide involontaire après la chute mortelle d’une hôtesse de l’air en 2005 à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne).

"N’oublions pas que nous jugeons un drame humain", a d’emblée insisté le président en ouvrant les débats. Mais ce premier jour d’audience a d’abord consisté en des échanges portant sur le respect des procédures, l’évolution des pratiques ou la conformité du matériel utilisé.

Le 1er février 2005 au matin, une hôtesse avait chuté d’un escalier autotracté après le débarquement par l’arrière de l’avion des passagers d’un vol Air France Biarritz/Orly, la passerelle avant étant utilisée pour l’évacuation d’un passager victime d’un malaise. Elle était décédée à l’hôpital des suites de ses blessures. Sur le banc des parties civiles, outre la famille de la victime, quatre syndicats du transport aérien.

L’agent de piste poursuivi, qui conduisait l’escalier autotracté ce jour-là, a reconnu qu’"effectivement", il n’avait "pas jeté de coup d’oeil" pour voir, avant de démarrer l’engin, si la porte de l’avion était bien fermée et si personne n’était sur la plate-forme de l’escalier, ce qui lui est reproché.

Mais il a affirmé que cette manoeuvre, il l’avait engagée après avoir reçu l’autorisation d’une hôtesse, collègue de la victime, de retirer l’escalier, le débarquement des passagers étant terminé. Ce que l’hôtesse, qui devrait être entendue mercredi, conteste.

"Je n’aurais jamais pu retirer l’escalier sans autorisation", a dit cet homme de 34 ans, licencié par Air France moins de trois mois après l’accident. Il a aussi évoqué la "tension" autour de cette arrivée perturbée par le malaise d’un passager et gérée par deux agents, alors que les procédures en prévoyaient trois, ont rappelé des syndicats.

Pour Air France, qui met en doute les affirmations de son ancien salarié, la procédure est en effet "extrêmement claire : on ne retire pas un escalier sans avoir eu l’autorisation", a redit la compagnie par la voix de son directeur juridique et social, Franck Raimbault.

Mais "qui donne l’ordre à qui ?", a demandé le procureur. "Ca dépend des circonstances", a répondu M. Raimbault.

De fait, comme l’a souligné à la barre le directeur du bureau enquête analyse (BEA) Paul-Louis Arslanian, l’enquête a fait apparaître l’absence "d’une procédure explicite de transmission entre le personnel navigant et le personnel au sol". "C’est l’une des voies de progrès" que le BEA a identifiée, a ajouté M. Arslanian.

L’ancien secrétaire du comité hygiène et sécurité du personnel navigant d’Air France a expliqué ensuite qu’une telle procédure avait été mise en place après l’accident. Il a aussi évoqué de précédents incidents avec ces escaliers autotractés, dépourvus de tout système avertisseur et dont le conducteur disposait d’une visibilité très limitée.

Depuis, a admis Air France, plusieurs améliorations leur ont été apportées afin de permettre une meilleure visibilité arrière ou de pouvoir détecter la présence d’une personne sur la plate-forme.

Source : AFP, le 30/09/09.


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