Espagne : jour d’obsèques après la catastrophe ferroviaire de Saint-Jacques-de-Compostelle

Ce lundi est un jour solennel en Espagne et à Saint-Jacques-de-Compostelle en particulier. C’est le jour des obsèques des 79 personnes tuées de l’accident de train du mercredi 24 juillet, en présence de toutes les autorités du pays, la famille royale, le chef du gouvernement Mariano Rajoy et les chefs de l’exécutif de Galice. Retour sur l’après de cet accident de train, le plus meurtrier depuis 70 ans en Espagne. Et sur la situation judiciaire du conducteur, Francisco José Garzon.

Cette journée aura beaucoup de solennité et un caractère très officiel. Les autorités espagnoles ont compris que cet accident de train, le pire en 70 ans, a choqué tous les Espagnols au coeur de l’été. A cela, plusieurs raisons : l’énormité du nombre de victimes, de blessés graves ; et puis les images de la douleur des familles et aussi la vague de solidarité extraordinaire qui s’est manifestée, notamment avec les dons du sang, et puis cette image, ou plutôt ces images qui tournent en boucle sur les télévisions et les sites internet, où l’on voit le train entrer dans le virage fatidique, dérailler et se fracasser contre les parois en béton. Cela glace le sang. Chacun sent qu’il aurait pu être dans ce train vers Saint-Jacques-de-Compostelle. D’où l’impact émotionnel.

Parallèlement, au delà de la douleur et de la grand messe, l’enquête avance ; et on peut dire que l’étau se resserre aussi sur Francisco José Garzon, le conducteur du train qui est sous vigilance policière depuis le drame. On veut comprendre pourquoi il n’a pas freiné et pourquoi il a négocié le virage à 190 km/h au lieu de 80 km/h.

Le juge l’a mis en liberté conditionnelle, mais il l’a tout de même mis en examen pour 79 homicides par imprudence. Francisco José Garzon demeure sous contrôle judiciaire. Dans la pratique, il devra se rendre au tribunal une fois par semaine et on lui a retiré son passeport pour éviter tout risque de fuite. Et évidemment il ne pourra plus conduire de train jusqu’à nouvel ordre et ce, alors que ce professionnel chevronné travaillait pour la Renfe, les chemins de fer espagnols, depuis trente deux ans, dont douze comme assistant conducteur puis conducteur de train en chef.

On ne sait pas ce qu’il a dit au juge, puisque l’entretien s’est déroulé à huis clos. Francisco José Garzon est entré par un passage discret, lunettes de soleil sur le nez et le front tuméfié. On sait juste qu’au cours des deux heures d’interrogatoire, il a reconnu avoir commis une imprudence. Et une gigantesque imprudence : avoir abordé le fameux virage qui entre dans Saint-Jacques-de-Compostelle à 190 km/h, au lieu de 80 km/h. Une imprudence qui a tué 79 personnes.

Quelques secondes seulement après l’accident, alors que Francisco Garzon est coincé dans sa cabine, blessé lègèrement, il appelle les services d’urgence et admet avoir conduit dans le virage à 190 km/h. Il ajoute même : « nous sommes humains, nous sommes humains. Pauvres voyageurs, j’espère qu’il n’y a pas de victimes sinon je les aurais sur la conscience ». Ces paroles sont des charges contre lui. Personne ne comprend qu’il n’ait pas freiné, d’autant que le chef de gare le lui avait signalé par radio quatre kms avant le virage.

Presque tout le monde est contre lui : les autorités ferroviaires, la police nationale, et le ministère de l’Intérieur. Tous l’accusent d’être responsable de l’accident sans prendre trop de gants. Mais dans cette excitation, la population locale, les familles de victimes et des blessés y compris, se montrent beaucoup plus calmes et modérés. Il n’y a pas de chasse à l’homme, mais de la mesure et du respect pour processus judiciaire.

RFI - 29 juillet 2013


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes