In Amenas : "on nous doit la vérité"

Le témoignage. Yann Desjeux a été tué en janvier dernier, dans la prise d’otages du site gazier d’In Amenas, en Algérie. L’ancien militaire reconverti dans la sécurité est le seul ressortissant français à avoir trouvé la mort dans ce drame. Depuis sa famille se bat pour obtenir des réponses des autorités françaises sur les conditions de sa mort. Sa soeur, Marie-Claude, ne comprend pas l’inertie de l’enquête.

"Pas grand chose n’a bougé". "Aujourd’hui, on est dans une phase où on est un peu découragés. Au bout de six mois, on s’aperçoit que pas grand chose n’a bougé. En tous les cas, nous n’avons pas de réponse aux questions que nous nous posons encore", confie Marie-Claude en exclusivité sur Europe 1. "Nous n’en sommes toujours qu’à une enquête préliminaire. J’ai du mal à comprendre pourquoi on en reste là, dans la mesure où il y a quand même enlèvement, séquestration et assassinat. Il devrait y avoir une véritable enquête, avec la nomination d’un juge d’instruction, qui pourrait peut-être nous apporter des réponses", déplore-t-elle.

"Besoin de savoir". Les circonstances même de la mort de l’otage français restent toujours floues. "Les enfants de Yann ont besoin de savoir où l’on a retrouvé le corps de leur père. Il y a forcément des gens qui ont trouvé sur le site son corps. Et nous voudrions savoir s’il a été tué au cours de l’attaque des Algériens ou s’il a été tué de manière différente avant cette attaque. Pour nous, il est important de pouvoir reconstituer les derniers moments de Yann", demande Marie-Claude.

"On me dit qu’on ne sait pas". Pour la soeur de Yann Desjeux, l’attitude des autorités et de la justice françaises est incompréhensible. "Nous réclamons ses affaires. Nous savons que tous ses biens électroniques ont été pris par les Algériens et seraient chez le procureur de la République d’Alger, que nous avons tenté de joindre. Mais nous n’avons pas de réponse. On m’a rapporté quelques semaines après cette prise d’otage, à mon bureau, par un coursier du ministère de la Défense, son portefeuille, dans une enveloppe kraft. Je me demande comment ce portefeuille est arrivé. Aujourd’hui, quand je pose la question, on me dit qu’on ne sait pas", s’insurge Marie-Claude.

"Cette affaire va tomber dans l’oubli". La famille de l’otage ne parvient pas à masquer sa colère et son désarroi. "Nous ne sommes pas idiots. On mesure tout à fait l’ampleur des implications politiques, de pays à pays... peu importe. Nous sommes capables de les comprendre. J’ai vraiment le sentiment que, parce que nous ne sommes qu’une seule famille, il n’y a que deux enfants qui réclament ces réponses, cette affaire va tomber dans l’oubli", dénonce Marie-Claude.

Par Marie-Laure Combes et Guillaume Biet, europe1.fr - 29 juillet 2013


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