Espagne : le conducteur parlait au contrôleur juste avant l’accident

Le collègue avec lequel parlait au téléphone le conducteur du train quelques minutes avant le déraillement qui a fait 79 morts le 24 juillet près de Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord de l’Espagne, est le contrôleur du train, a annoncé mercredi le tribunal.

Le conducteur « a identifié la personne dont il avait reçu l’appel quelques minutes avant l’accident comme le contrôleur de Renfe », la compagnie espagnole des chemins de fer, « qui était à bord du train », a affirmé dans un communiqué le Tribunal supérieur de justice de Galice.

Le tribunal a ajouté que le conducteur, Francisco José Garzon Amo, s’est présenté de lui-même mercredi devant le juge pour fournir cette précision.

« Il a aussi affirmé qu’il ne parlait pas au moment du déraillement, mais qu’il avait raccroché quelques secondes avant » et que la conversation s’était « concentrée sur la voie où il devait s’arrêter à la gare de Pontedeume », située juste avant El Ferrol, sa destination finale au-delà de Saint-Jacques de Compostelle, selon le communiqué.

Les enregistrements des boîtes noires avaient révélé la veille que le conducteur du train parlait au téléphone avec un collègue et semblait consulter un plan au moment de l’accident, survenu alors que le convoi roulait à 153 km/h.

Les premières informations extraites de ces enregistrements confirment l’hypothèse d’une vitesse excessive avancée dès l’accident, la plus grave catastrophe ferroviaire en Espagne depuis 1944.

Le conducteur a été inculpé dimanche de « 79 faits d’homicide par imprudence » et laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Selon le tribunal, le juge a demandé à Renfe plusieurs documents, notamment sur le conducteur, comme « les résultats de contrôles sanguins réalisés ces dernières années par l’entreprise, des tests de condition physique, les arrêts de travail, l’expérience sur le trajet où s’est produit l’accident » ou encore les cours d’entraînement qu’il a suivis.

Le juge a également exigé des informations sur les boîtes noires d’autres trains ayant effectué le même trajet, sur les vitesses observées sur la ligne, sur le train.

Du côté de l’Adif, gestionnaire public du réseau chargé de la sécurité, le juge a réclamé un rapport sur l’état des voies dans la zone de l’accident, sur les signaux balistiques physiques et lumineux sur la ligne Ourense-Santiago ainsi que sur la courbe, jugée dangereuse par plusieurs conducteurs de train, où s’est produit l’accident.

Le tribunal s’interroge aussi sur les possibles échanges téléphoniques que le conducteur pourrait avoir eus avec d’autres personnes et a demandé aux opérateurs téléphoniques les informations sur les appels échangés sur ses téléphones portables, professionnel et personnel.

Le conducteur du train a reconnu avoir eu un moment « d’inattention » avant l’accident mais a dit être incapable d’expliquer pourquoi.

LIbération.fr avec l’AFP - 31 juillet 2013


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