Fukushima : deux ans d’impuissance et d’incidents

L’autorité de régulation nucléaire du Japon a évalué au "niveau 3" – correspondant à un "incident grave" sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES) – la fuite de 300 tonnes d’eau hautement radioactive survenue dans un réservoir ces derniers jours à la centrale de Fukushima.

C’est la première fois depuis la catastrophe du 11 mars 2011 que l’autorité de sûreté nucléaire nippone diffuse une alerte INES. Pourtant, depuis deux ans, les incidents se sont multipliés dans la centrale accidentée.

11 mars 2011

A 14 h 46 heure locale, se produit un séisme de magnitude 9, le plus important jamais mesuré au Japon. L’épicentre est situé au large du nord-est du Japon, à 130 km des côtes. Un tsunami survient cinquante minutes plus tard, qui déferle sur la côte orientale du pays. Construite pour résister à des phénomènes moins importants, la centrale de Fukushima-Daiichi est entièrement dévastée et les systèmes de secours pour le refroidissement du cœur des réacteurs cessent de fonctionner.

12 au 14 mars 2011

Des explosions vont toucher successivement les réacteurs 1, 3, puis 2. Les trois autres réacteurs de la centrale étaient à l’arrêt avant le séisme. L’exploitant de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), confirme une fusion en cours dans les trois premiers réacteurs. L’accident est classé au niveau 7, le plus élevé de l’échelle de gravité.

1er – 6 avril 2011

520 m3 d’eau contaminée, ayant servi au refroidissement du réacteur 2, s’écoulent dans l’océan. Dans les jours suivant, Tepco est autorisé à déverser dans la mer 10 000 tonnes d’eau "légèrement contaminée".

Fin juin 2011

Tepco estime stocker plus de 100 000 tonnes d’eau contaminée ayant servi à refroidir les réacteurs. Chaque jour, 500 tonnes d’eau viennent s’y ajouter.

Mai 2012

Les séismes qui se multiplient dans la région menacent les installations de fortune mises en place pour refroidir les réacteurs endommagés ou les fragiles systèmes d’injection d’azote destinés à limiter les risques d’explosion d’hydrogène. Elles pourraient aussi provoquer des problèmes au niveau des piscines de barres de combustible, notamment celle du réacteur 4

12 octobre 2012

Tepco reconnaît pour la première fois avoir minimisé les risques de tsunami par crainte de devoir fermer la centrale pour entreprendre des travaux.

Mi-mars 2013

Un rat cause un court-circuit et entraîne une panne qui paralyse durant près de trente heures une partie des systèmes de refroidissement des piscines de désactivation du combustible usé. A la mi-avril, le système de refroidissement de la piscine 2 sera de nouveau stoppé quelques heures en raison d’un rongeur.

5 et 7 avril 2013

Les premières fuites d’eau radioactive sont repérées dans les réservoirs de stockage 2 et 3, creusés dans le sol. Pour accueillir les 400 tonnes d’eau contaminée produites chaque jour, Tepco a installé des dizaines de citernes et creusé sept réservoirs. L’entreprise espère purifier l’eau et pouvoir ensuite la larguer dans l’océan. Mais deux jours plus tard, elle admet n’avoir "pas suffisamment de citernes solides en construction pour accueillir l’eau des réservoirs souterrains".

25 juin 2013

Tepco annonce avoir détecté du tritium (isotope radioactif de l’hydrogène) dans l’océan, à des valeurs inférieures aux limites légales. Cinq jours plus tard, un rayonnement bêta est enregistré au fond d’un puits d’observation des eaux souterraines, signe de la présence de strontium. Le 10 juillet, c’est une brusque montée des taux de césium qui est mesurée dans la nappe phréatique, en bordure de mer.

18 juillet 2013

Un dégagement de vapeur se produit du côté d’une piscine de stockage de matériel du réacteur numéro 3. Tepco n’en connaît pas l’origine.

22 juillet 2013

Tepco revient sur sa théorie selon laquelle l’eau chargée de tritium, de strontium, de césium et autres éléments radioactifs stagnait sous terre. L’opérateur avoue qu’elle atteint l’océan. Il affirme toutefois que l’impact de cette fuite s’avère limité. "Les données sur l’eau de mer ne montrent pas d’augmentation anormale des taux de radioactivité", assure le porte-parole du groupe.

7 août 2013

Le gouvernement japonais finit par publier une estimation de la quantité des fuites d’eau radioactive : ce sont 300 tonnes d’eau contaminée qui se déversent chaque jour dans l’océan Pacifique. Tepco les estime, en termes de radioactivité, entre 20 000 milliards et 40 000 milliards de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.

Audrey Garric, Lemonde.fr - 21 août 2013


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