Brétigny : des usagers exigent la transparence

Plus de 10.000 signataires… La pétition, initiée une semaine après la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (sept morts, le 12 juillet) par l’Association des voyageurs usagers des chemins de fer (Avuc) pour une mise en ligne des données internes de la SNCF sur une plate-forme accessible au public, a rencontré un écho important.

« Dans un contexte de réseau vétuste, de lignes malades, les voyageurs veulent savoir avec quoi ils roulent et sur quoi ils roulent », gronde le porte-parole de l’association, Willy Colin, reçu mardi par le directeur de la sécurité de la SNCF pour lui remettre le document, expédié aussi à Réseau ferré de France (RFF) et au ministère des Transports. « Parmi les pétitionnaires, nous avons des gens accidentés à Brétigny, des proches de victimes décédées et même des conducteurs de train qui nous confient avoir peur lorsqu’ils prennent les commandes », précise-t-il.

L’Avuc, une association créée au Mans il y a vingt-cinq ans et revendiquant « une centaine d’adhérents et des milliers de sympathisants », réclame la publication d’informations très détaillées concernant à la fois les équipements (âge et entretien des caténaires, voies, ballast, aiguillages, etc.) et le matériel roulant (date de mise en service, état d’entretien, date de sortie du parc, etc.). Pour l’instant, « l’open data » de la SNCF, qui se félicite d’être « l’un des premiers groupes français à s’être engagé dans cette démarche », demeure « trop embryonnaire » du point de vue de l’Avuc. « Il s’agit essentiellement de vérifier la ponctualité ou les retards des trains », remarque l’association.

Un drame évité sur la ligne Creil-Beauvais

La SNCF n’a pas fermé la porte à cette exigence accrue de transparence, indiquant qu’elle allait « étudier les propositions » de l’Avuc. « L’ennui, c’est que la SNCF elle-même nous a indiqué ne pas être en possession de ces données car elles ne sont pas centralisées, ce qui nécessiterait un gros travail, raconte Willy Colin. Elle n’est pas très chaude non plus car elle ne voudrait pas être la seule entreprise ferroviaire en Europe à dévoiler ce type d’informations sensibles. »

L’association jure qu’elle « mettra la pression » à la SNCF jusqu’à ce qu’elle accède à sa demande, « notamment en dévoilant des incidents que nous relatent des usagers et qu’elle préfère passer sous silence ». Le porte-parole distille des exemples récents, tel le déraillement d’un TER avec 50 voyageurs à bord près de la gare de Lyon-Part-Dieu, le 26 juin, à cause d’une rupture d’essieu. « Cet été, encore, on a évité de peu un drame sur la ligne Creil-Beauvais, poursuit-il. Alors qu’elle était sur le point de rouvrir à la circulation après des travaux, des agents appelés sur les voies pour dégager des branches d’arbres ont découvert des écrous mal vissés et des tire-fonds mal fixés… ».

Mercredi, la puissante Fédération ­nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) a jugé que la démarche de l’Avuc était « louable » mais « posait la question de savoir qui pourrait interpréter correctement cette énorme masse de données ».

Philippe Romain, Lefigaro.fr - 28 août 2013


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