Commémoration d’AZF : douze ans après, le boycott

Douze ans après l’explosion de l’usine AZF, la catastrophe continue à susciter des polémiques entre Toulousains. Président de ce qui était devenue la principale association de sinistrés, le Comité de défense des victimes d’AZF, Guy Fourest boycottera la commémoration officielle samedi, à 10 heures, sur le site de l’ex-usine. A 82 ans, ce Toulousain qui s’est investi sans compter auprès des victimes, nous a confié hier, avec émotion, sa décision.

Le 21 septembre 2001 au soir, dans les décombres de la maison de la route de Seysses que ce maçon avait construite, une centaine de personnes s’étaient retrouvées. Sans relâche, Guy Fourest s’est battu pour que les sinistrés soient indemnisés, pour organiser les commémorations pendant dix ans mais aussi pour que Toulouse se dote d’un mémorial.

Stèle vandalisée

Guy Fourest, qui a aussi décidé de clore l’activité de l’association (notre édition du 7 septembre), n’a jamais digéré les tensions nées avec la mairie lors du 10e anniversaire, notamment le déménagement de la stèle de la route de Seysses. Les dégradations du site par les gens du voyage en février ont renforcé cette colère. Aujourd’hui, il accuse la municipalité de ne pas avoir protégé ce lieu de mémoire. « Il est fort regrettable que les pouvoirs publics, dont la mairie, ne soutiennent pas nos actions », juge ce Toulousain d’autant plus amer que, membre du Parti communiste depuis 1945, il s’est toujours vu comme un « homme de gauche ».

Contacté hier, le Capitole affirme que, depuis la plainte déposée après la dégradation de février, « des travaux de sécurisation sont régulièrement entrepris » mais qu’« ils sont à chaque fois vandalisés ». Des murets de 2, 5 tonnes ont ainsi été déplacés et la collectivité envisage à présent de tester des protections de 8,5 tonnes ! La mairie signale également que le site est régulièrement nettoyé « quand les équipes peuvent y accéder ». Et que les demandes d’expulsions des lieux sont « systématiques ». C’est encore le cas pour l’occupation actuelle qui doit prendre fin en principe ce matin.

Président de la principale association de victimes d’AZF, Guy Fourest ne participera pas à la commémoration samedi. Il accuse la mairie de ne pas protéger le site.

Mémorial : les travaux commencent mardi

L’édification d’un lieu de commémoration de la catastrophe du 21 septembre 2001 est une œuvre de longue haleine. Ce n’est que l’an dernier, onze ans après l’explosion, qu’a été construit un monument, plus exactement une « œuvre commémorative », selon les termes du Capitole, qui prend la forme d’un assemblage de tubes lumineux et sonores reproduisant le cratère.

Mais, rappelez-vous, un autre projet, baptisé Mémorial, est en gestation : la reconstitution de l’entrée de l’usine, route d’Espagne, et des deux postes de garde qui se faisaient face. Les premiers coups de pioches sont programmés pour mardi prochain.

Sauvegardé et déplacé, l’un des postes de garde est visible sur le site. L’autre pavillon, celui du nord, sera l’œuvre de l’architecte toulousain Axel Letellier (voir ci-contre). De facture contemporaine, il respectera les proportions d’origine. Ce projet voit le jour sur la parcelle de 5 000 m2 cédée par Total à la communauté urbaine pour l’association des anciens salariés. Un compromis a été trouvé afin que d’autres associations accèdent à ce site. Les anciens salariés seront logés dans le nouveau bâtiment. Le poste Sud devenant une salle municipale.

Jean-Noël Gros, Ladepeche.fr - 18 septembre 2013


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